Une autre guerre pointe en toile de fond, celle-ci risque de perdurer plus longtemps ; c'est celle de la conquête de l'opinion publique ; les pouvoirs politiques partout ailleurs se sont révélés sourds aux appels des peuples et insensibles aux cris et supplications des opprimés en Palestine. Le monde est inexorablement en train de changer et de nouveaux concepts sont en train d'émerger. L'opinion arabe qui dans sa grande majorité est restée dévolue corps et âme à la cause palestinienne n'est plus hélas aussi homogène qu'elle ne le fut conséquence d'un acharnement méthodique à vouloir formater sa conscience collective héritée au fil du temps vis-à-vis de la Palestine. La solidarité des peuples arabes envers leurs frères palestiniens a pu s'exprimer différemment selon des possibilités très limitées offertes ; soit à travers les réseaux sociaux malgré la censure, soit par des manifestations de rue quand elles sont autorisées ou par le boycott des produits de multinationales parrains de l'entité sioniste ; mais il devient de plus en plus évident qu'il existe une scission entre les uns et les autres depuis la cascade de la normalisation initiée par les accords de Camp David au milieu des années soixante-dix du siècle dernier et relancée ces dernières années par la survenue d'un nouveau acteur fort de son influence acquise à coups de pétrodollars et en quête d'un leadership sur la scène internationale qu'il imagine compenser son exiguïté géographique et sa carence démocratique en l'occurrence les Emirats arabes unis fervents sponsors de cette stratégie qui a entrainé dans son sillage plusieurs autres pays arabes appâtés par des promesses d'un avenir radieux et d'une garantie de maintien au pouvoir. Le consensus tant vantée n'est plus, hormis celui des régimes et gouvernements mais plutôt pour la liquidation de la cause palestinienne ; ce qui est inquiétant est que le clivage commence à toucher les peuples arabes ; une nouvelle de mauvais augure pour l'avenir de la cause palestinienne. Les preuves pour illustrer cet état ne manquent pas comme en témoigne par exemple les festivités organisées dernièrement en grande pompe en Arabie saoudite et qui ont vu une affluence de jeunes indifférents au drame qui se produit à quelques encablures de là à Gaza soumise à l'instant même à un déluge de feus ans aucun répit ou bien aussi non loin aux Emirats où se déroulait un match de football international comme si rien n'était. Un message on ne peut plus clair et sans équivoque aux Occidentaux et à leur nouvel allié du coin pour affirmer leur nouvelle posture ; d'ailleurs si pour Abu Dhabi les choses sont très clairs, pour Ryad les pourparlers avec le régime israélien d'apartheid sont à un stade très avancé en vue d'une énième normalisation qui par ailleurs devait aboutir rapidement si ce n'était le déclenchement de cette guerre génocidaire contre le peuple palestinien, mais à la lumière de l'évolution des choses ce n'est que partie remise car la décision a été tranchée. L'autre message et pas des moindres est distillé particulièrementaussi bien par la quasi-totalité des pays du Moyen-Orient (les Emirats ,l'Egypte, le Bahreïn, la Jordanie) que par les autres pays normalisateurs à destination de leur propre opinion locale qu'ils façonnent déjà depuis des années selon les exigences des accords de la normalisation ; le conditionnement de la société a été entamé depuis fort longtemps en commençant par la modification du lexique de confrontation avec l'ennemi de jadis adopté jusque-là ; amorcée par le changement de tous les adjectifs et qualificatifs. Dans les médias lourds, la résistance palestinienne est désignée par« groupuscule islamiste extrémiste terroriste » ou « alliée aux chiites d'Iran » alors qu'Israël est dépeinte comme « un Etat démocratique, fréquentable » avec qui il est possible et même souhaitable de faire des affaires et vivre en totale harmonie, quant au volet de l'éducation, l'histoire enseignée aux écoliers dès le primaire a été totalement expurgée de tout ce qui a trait à la colonisation, aux massacres perpétrés depuis la confiscation de la Palestine par les hordes terroristes des Haganah et consorts jusqu'au aux crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par cet Etat voyou imposé, l'objectif non dissimulé est de voir naitre une génération non impliquée par le conflit et une histoire complètement travestie au détriment des Palestiniens. Le matraquage médiatique est continu pour enjoliver l'image hideuse de l'entité sioniste ; des responsables israéliens sont régulièrement invités sur les plateaux de chaines qui n'ont d'arabe que la langue de communication, histoire de rendre fréquentables ces néonazis dans le subconscient du téléspectateur arabe et tous les moyens sont utilisés pour détourner l'opinion publique de ce qui a été jusqu'à maintenant la cause existentielle de tout arabe et musulman ; des événements grandioses sportifs ou culturels à coup de milliards inondent son quotidien et tentent de le distraire des véritables enjeux et pour les réfractaires c'est un arsenal des plus répressifs qui empêche la moindre manifestation d'empathie envers la cause. L'état d'Israël est le seul état au monde qui n'a pas de constitution ni de frontières officielles ; une prémonition de ses intentions à l'encontre d'autres pays aujourd'hui consentants à sa politique et qui ne se doutent pas qu'ils pourraient être les victimes prochaines de son hégémonie expansionniste. Mais parmi tous ces pays ayant choisi la normalisation tous azimuts c'est l'Arabie saoudite qui possède un atout de plus et des plus influents comparée aux autres monarchies ou régimes présidentiels qui en réalité ne sont que des facettes d'un seul système. En effet l'avantage dont elle dispose est le clergé religieux et ses relais à travers le monde surtout arabo-musulman qu'elle a formé dans ses différentes universités des décennies durant au moyen de bourses d'études théologiques et qu'elle instrumentalise à volonté depuis la première guerre du Golfe pour imposer sa politique qui s'oppose souvent aux intérêts et aspirations des peuples musulmans comme ce fut le cas en Egypte, en Syrie, au Yémen et en Libye et maintenant ils sont asservis pour convertir les nations aux thèses sionistes. Le courant salafiste qui en est issu apprivoisé et aligné sur les positions politiques du palais est devenu un outil de propagande redoutable qui sème le trouble dans les autres sociétés sous couvert de préceptes religieux indiscutables, il a pris de l'ampleur avec l'avènement des nouveaux moyens de communication (chaines télévisées, internet et réseaux sociaux) toutes les autres voix discordantes ont été sévèrement réprimées ; les prisons sont bien garnies d'opposants religieux laïques ou libéraux à cette imposture. Le péril de ce courant « néo-salafiste » est qu'il a des émules partout dans le monde y compris en Algérie ; chaque pays possède son propre leader et porte-voix désigné hors frontière ; il est écouté et vénéré, ses avis sont prépondérants et ne tolèrent aucune contestation ; ce courant compte parmi ses adeptes non seulement de simples pratiquants au bas niveau d'instruction mais aussi de plus en plus de cadres supérieurs endoctrinés à outrance au point de ne plus avoir d'opinion ou d'avis personnel ni faculté de discernement ou jugement ; de parfaits produits sectaires. Tout ce qui relève du domaine religieux ou politique est soumis d'abord au jugement de leurs mentors de la péninsule Arabique, leurs contributions dans les médias financés et soutenus et surtout dans les nombreuses pages sur les réseaux sociaux qu'ils écument par milliers sont révélateurs de leur position sur la Palestine ou de ce qui en reste, cela va de l'indifférence jusqu'à épouser totalement les thèses de l'agresseur sioniste ; leurs prédicateurs prônent comme contribution à la défense des pauvres palestiniens au mieux d'implorer le bon Dieu sans plus ! Ils rendent illicites toute manifestation publique de soutien ou pour dénoncer les atrocités subies par le peuple palestinien et jugent contraire aux préceptes religieux le fait même de boycotter les mécènes du sionisme ! Bien sûr les régimes arabes dans leur majorité les laissent faire par calcul politicien en exploitant ce courant qui recommande entre autres la soumission totale aux pouvoirs en place sans tenir compte même de ses croyances religieuses ou sa légitimité comme ce fut le cas en Egypte lorsqu'ils se sont alliés avec les putschistes pour renverser le premier régime élu démocratiquement alors qu'ils ont toujours prêché hypocritement la neutralité politique. Cette idéologie aurait certainement combattu nos révolutionnaires durant la guerre de libération sous prétexte d'obédience au régime dominant du moment, une règle qu'ils s'obstinent à respecter et à promouvoir sous prétexte d'éviter la « Fitna » (le grand désordre); un véritable danger pour la nation dont il faudrait se prémunir. Alors qu'à l'opposé en Europe, aux Amériques et partout ailleurs l'opinion publique est de plus en plus acquise à la cause palestinienne malgré la campagne féroce fomentée par l'armada médiatique aux ordres ou grassement rémunérée, malgré les lois liberticides et le harcèlement moral et juridique ; les gens commencent à apercevoir une autre réalité autre que celle véhiculée jusque-là par les canaux officiels largement acquis et complices des thèses du sionisme international. Il s'agit là d'un tournant important en faveur de la cause palestinienne et sur lequel il faut s'investir. Les différentes capitales du monde de Paris à Londres en passant par Washington ont été le théâtre de manifestations monstres que la plupart des capitales arabes où le droit de manifester est restreint ne peuvent rivaliser avec, des influenceurs, tiktokeurs ont apporté un nouveau regard sur les crimes de l'Etat hébreu de quoi faire prendre conscience aux citoyens occidentaux enrôlés jusque-là uniquement dans les thèses prosionistes ; ils auront leur mot à dire à l'occasion d'échéances électorales la seule angoisse qui peut effrayer les gouvernements en place et le seul espoir qui pourrait aider le peuple palestinien dans sa résistance héroïque. La guerre va dorénavant se poursuivre sur un autre terrain celui de l'information et la sensibilisation qui ciblent l'opinion et la société civile seules forces capables de retourner la situation et de faire pression sur les gouvernements décrédibilisés de l'Occident.