La première instance que nous avons estimé concernée de près par ce dossier et que nous avons visité en premier lieu est la Direction du logement et des équipements publics (la DLEP). La première responsable de cette Direction a été d'emblée sans équivoque : « Nous sommes une structure technique […], les bénéficiaires, le choix des bénéficiaires, les conditions d'attribution se font au niveau des autorités locales […], notre rôle est de financer et réaliser les projets.».Le message de l'élégante et courtoise dame a le mérite de la clarté. Elle n'avait pas besoin de nous orienter explicitement vers là où se ficellent définitivement les listes des bénéficiaires. Dans une entrevue avec le responsable chargé du logement au niveau de cette même direction, les mêmes propos nous ont été réitérés. Ce responsable nous a même montré un échantillon de listes comme preuve à l'appui pour convaincre les lecteurs de notre journal que tout se ficelle au niveau local, et ce pour tout le programme de la wilaya. Après la DLEP, nous nous sommes dirigés illico presto vers l'APC de Fornaka. Sur place, c'est à un maire intérimaire que nous avons eu affaire. Le maire officiel n'est plus aux affaires le temps de la parenthèse des élections législatives. Nomade politique de son état, comme nous le dira en aparté, un citoyen rencontré dans les couloirs, il est actuellement dans la course sous une nouvelle bannière politique. Son intérimaire nous fera savoir qu'il va entamer sa propre enquête sur le dossier FONAL mais, il a souhaité quand même que nous allions de préférence voir au niveau de la Daïra. A la Daïra, c'est le premier responsable qui nous reçoit. Ce dernier reconnaît que le phénomène existe, sans pour autant remettre en cause les commissions chargées de sélectionner les bénéficiaires, lesquelles ont travaillé, selon ses propres propos, dans les règles de l'art. Notre interlocuteur a tenté dans un premier temps de dédramatiser les choses au motif que le phénomène n'est pas propre au seul FONAL, et qu'il est le fait d'un manque de civisme chez une certaine frange de citoyens attirée par le gain facile. Des propos qui ne sont pas toutefois sans étonner face à des commissions supposées avoir veillé à tout, dans la transparence….Mais dès l'instant où nous lui avons signifié que Réflexion était là dans son bureau pour la finalité d'éclairer l'opinion locale sur ce que comptent faire les prolongements locaux de l'Etat de droit au sujet du problème rapporté trois fois par notre journal. L'entrevue a pris une pente ascendante pour aboutir à un engagement officiel et ferme. Le premier responsable de la Daïra s'engage ainsi, par le biais de Réflexion et en prenant l'opinion locale à témoin, que toute la lumière va être faite sur ce dossier. La base du travail d'enquête retenue sera la liste initiale des bénéficiaires qui sera confrontée, de manière inopinée, avec la réalité du terrain, autrement dit avec l'identité des occupants réels et actuels de ces logements. Si nous avons bien compris notre interlocuteur, tout le FONAL va donc être passer au peigne fin et voir ses éventuelles irrégularités sortir au grand jour, dans la stricte application des lois de la République. Et conséquence logique de cette entreprise d'assainissement d'envergure promise, toute personne ayant acheté un logement FONAL doit désormais savoir qu'elle a « une vraie bombe à retardement » entre les mains. Et tout bénéficiaire du FONAL ayant vendu un logement FONAL doit s'attendre quant à lui à répondre devant la loi et à restituer rubis sur ongles à l'Etat l'argent public qu'il a indûment empoché. Par ailleurs, Réflexion a téléphoné à 02 vendeurs de logements FONAL. Le premier nous répondra qu'il a déjà vendu le sien pour le prix de ….160 millions de centimes. Le second nous dira qu'il demande…250 millions de centimes pour son logement vide et pas encore vendu. Dans le but d'approfondir davantage les choses, nous avons tenté de rassembler toutes les informations accessibles normalement au public. Des informations à même de nous permettre d'aller sur le terrain même des logements FONAL pour donner à nos lecteurs une idée plus au moins représentative de l'ampleur des logements vendus ou fermés et inoccupés. Malheureusement nous nous sommes heurtés à une réelle difficulté d'accéder à ces informations. Sous d'autres cieux, pareilles informations sont accessibles librement, sur Internet, sur un simple clic. Pour l'illustration, au niveau de la SLEP (Ain Nouissy), c'est l'accueil avec le grincement de dents. Dans cet appendice de la DLEP situé au rez-de-chaussée de la Daïra, le monde de la presse ne semble pas jouir d'une…bonne presse. Pas facile non plus de rencontrer un responsable à qui s'adresser, même au prix d'un insistant va-et-vient. Nous avons même exprimé sur un papier nos besoins en information que nous avons remis à une subordonnée à l'adresse de son responsable injoignable. Mais peine perdue. Des mœurs similaires ont été également constatées au niveau de l'APC de Fornaka. Informations indisponibles, ou se reproche-t-on quelque chose ? Impossible de le savoir. Pourtant, la nouvelle loi sur l'information est claire là-dessus. Dans son article 83 ; elle stipule : « Toutes les instances, les administrations et les institutions sont tenues de fournir au journaliste toutes les informations et les données qu'il demande de manière à garantir au citoyen le droit à l'information dans le cadre de la présente loi organique et de la législation en vigueur ». Au vu de cet article de loi, Réflexion n'a demandé que ce qui revient de droit aux citoyens : l'information relevant du domaine public et libre d'accès, donc non concernée par l'article 84 de la même loi. De la sorte, sur le plan de l'application, la dite loi vient de connaître son premier écueil au niveau de la Daïra de Ain Nouissy. C'est dire qu'elle devance malheureusement de loin l'état d'esprit qui prévaut chez les fonctionnaires, que ce soit au niveau de la SLEP, ou au niveau de l'APC de Fornaka…