En descendant dans l'historique faubourg de Tigditt, il faut bien faire la rituelle escale à la zaouïa el-alaouia et ce, après avoir contourné la fière souika el fougania, la place du petit marché couvert et les zaouïas de Sidi Kaddour et de cheikh Benaïssa qui ont, elles, également leur importance à Mostaganem étant donné le nombre croissant des adeptes dans l'un et l'autre de ces antres de piété, d'implorations et de prières... Un peu plus bas, sur le chemin qui mène vers les carrières, la zaouïa des Alaouine a de tout temps constitué un grand pôle de connaissances et de savoir dans le monde mystique et religieux, notamment. Cette importante confrérie porte le nom de son fondateur, à savoir Ahmed Benalioua Ibn Mostefa qui fut de son vivant une sacrée sommité dans les milieux de la recherche théologique à base de données purement scientifiques. Il sera l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages et sera le premier ou l'un des précurseurs algériens dans l'écriture et la mise en scène théâtrale, dès lors qu'il écrira sa première pièce vers 1920. L'éminent imam et homme de culte a également été poète en brodant de majestueux textes dans lesquels il glorifiera le Prophète Sidna Mohamed(QSSSL), notamment dans le genre dit samaâ. Au pays de la poésie soufie D'ailleurs, cette forme d'expression artistique semble émerger davantage, au firmament des chants sacrés que beaucoup d'associations musicales traditionnelles et interprètes et compositeurs de musique, notamment chaâbi et arabo-andalouse, tentent d'exploiter à bon escient. Cette nouveauté s'inscrit dans le cadre de la recherche savante dans le monde des arrangements musicaux assortis d'une magnifique émergence du genre samaâ, cher aux adeptes de la confrérie alaouite. Dans ce même ordre d'idées d'ailleurs, l'éminent chercheur spécialisé dans le patrimoine musical traditionnel, cheikh Mohamed Hamaïdia, a mis sur pied depuis voilà au moins cinq années un recueil de travaux inhérents à un sacré montage de madih et de musique classique savante. Une œuvre inédite qui attend encore preneur à l'effet d'être un jour publiée et ce, au profit des futures générations. Dans un autre registre, la poésie populaire, le melhoun et le medh ont toujours fait la force de la région du Dahra sur la scène artistique. Force est de reconnaître à cet égard que le chantre de la poésie en Afrique du Nord, Sidi Lakhdar Benkhlouf, reste l'incontestable sommité de tous les temps dans l'art de réclamer les plus belles louanges à Sidna Rassoul Ellah. Il laissera derrière lui un nombre incalculable de textes glorifiant sans exception aucune notre Prophète Mohamed (QSSSL). Hormis Benkhlouf, l'enfant des monts du Dahra qui fut, rappelons-le, le gendre du saint marabout Sidi Affif avec lequel il dut s'allier en lui demandant la main de sa fille, Ghanou, pour en faire son épouse légitime jusqu'à ses derniers moments d'existence où seule la mort les aura séparés... D'autre part, il y a lieu de citer d'autres célèbres paroliers du terroir qui n'ont de cesse fait la fierté de la région, à l'instar du regretté cheikh Bensebbane, décédé ces derniers années à plus de 90 ans, Abdelkader Bentobji, auteur du magnifique texte de Abdelkader ya Boualem, repris d'ailleurs affreusement et si maladroitement par pourtant de supposées grandes stars, telles que Khaled et Zahouania... Puis son fils Laâredj suivra les pas du cheikh connu pour sa qacid Ya rassi barkek messha..., cheikh Bensaâdoune, Benslimane qui écrira un jour la non moins sublime Sidi Belkacem, cheikh Hadj Bendénia, cheikh Bouterfa, l'auteur de Hta nssite enechoua wel bast ouel houa... Le genre madih existe également au sein de la confrérie Aïssaouia ainsi que dans les milieux du folklore féminin dans un genre typiquement mostaganémois appelé medahate où en plus l'on déclame de belles paroles à la gloire des merabet et el oulia salihinede bout en bout du Dahra. Au sein de la grande famille des Aïssaoua par ailleurs, l'on a fatalement perdu le doyen de la tariqail n'y a pas longtemps et il s'agit bel et bien de ammiOmar Benbrahim à l'âge de plus de 90 ans. Lui, il était considéré comme la mémoire vivante de Mostaganem au moment où un autre grand homme du siècle dernier, à savoir l'érudit Benaïssa Abdelkader, l'infatigable historien et chercheur, était unanimement considéré comme une bibliothèque pleine de vie et ô combien précieuse ! De son vivant, le regretté avait publié un tas d'ouvrages aussi utiles les uns que les autres auxquels nous nous devons de nous référer et dont il faut en profiter à bon escient.