Les services des douanes ont décidé d'ouvrir «plusieurs enquêtes» nationales visant des exportateurs qui ne rapatrient pas leurs devises en apurement de leurs exportations. A la bonne heure ! Le directeur du contrôle a posteriori à la Direction générale des douanes (DGD), Regue Benamar qui annonçait la nouvelle, précise que cette démarche fait suite à «des constats douaniers» faisant état de l'existence de «plusieurs non-rapatriements» des devises par des exportateurs après la vente de leurs marchandises à l'étranger. Un phénomène qui a été éventé il y a quelques jours par TSA qui a avait rapporté que des entreprises publiques et privées détournaient des devises en «toute légalité», en laissant à l'étranger les traditionnelles ristournes de fin d'années accordées par leurs fournisseurs. Ce devait être donc une fuite organisée pour donner un impact médiatique à cette opération de contrôle annoncée par le responsable de la DGD. Où alors que cette fuite était destinée à forcer la main à l'administration des douanes de mettre le holà à une fraude devenue massive et généralisée. Mais M. Regue Benamar suggère que l'opération est menée depuis quelques temps déjà puisqu'elle a donné des «résultats». Ainsi seize opérateurs fraudeurs ont été épinglés au Sud du pays pour avoir exporté via les wilayas frontalières, notamment vers le Niger, des marchandises de tout genre, précise le responsable de le DGD. Et d'annoncer que le montant des pénalités infligées à ces «exportateurs» dans le cadre de cette enquête s'élève à 4,16 milliards de dinars. Ces trafiquants d'un autre genre, sont surtout «spécialisés» dans l'export des produits alimentaires. Le pot-aux-roses a été découvert suite à des demandes de «vérifications» introduites par les douanes au niveau de la Banque d'Algérie (BA) explique Regue Benamar. Il en est ressorti ainsi que les exportateurs fraudeurs, utilisent souvent des registres d'importation «prêtenoms » pour échapper à d'éventuelles poursuites judiciaires si leurs fraudes venaient à être déjouées par les douanes ou la Banque d'Algérie. Les enquêteurs sont-ils libres ? Le responsable de la douane rappelle que la Banque d'Algérie accorde un délai de «180 jours (six mois)» à tous les exportateurs pour rapatrier les devises de leurs ventes à l'étranger, une mesure qui a été instituée dans le cadre des facilitations accordées aux entreprises nationales à l'exportation. Passé ce délai, la BA peut engager des poursuites judiciaires contre les contrevenants. Les douanes peuvent aussi dans le cadre de leurs prérogatives déposer un PV de constat de l'infraction de change au niveau de la justice qui ensuite en tranchera. Cela étant dit, Regue Benamar a reconnu hier «qu'une bonne partie » de devises générées par les exportations hors hydrocarbures n'est pas rapatriée en raison de ces pratiques frauduleuses qui affectent directement les avoirs de l'Algérie en devises. C'est là une confirmation officielle de ce que tout le monde savait à savoir que des patrons indélicats des entreprises publiques et privées se soucient moins des intérêts de l'économie nationale que de leurs désirs irrépressibles de se faire une place au soleil de l'Occident.