La première exception ("sauf ce qui en paraît") s'applique aux personnes autres que celles mentionnées dans la seconde exception : en présence de telles personnes, qui ne font pas partie de la liste de cette seconde exception, la femme ne doit laisser dévoiler de ses parures "que ce qui en paraît". Quant à la seconde exception ("sauf à leur mari, ou à leur père") elle s'applique aux personnes devant lesquelles la femme peut laisser dévoilées des parures autres que seul "ce qui paraît" : il s'agit du mari, du père, du frère, etc. De nombreux ulémas ont commenté ces termes comme signifiant : "afin qu'elles soient reconnues comme étant des femmes libres et non des esclaves, et qu'elles ne soient donc point offensées". En tout état de cause, cette phrase du verset ne signifie pas que l'objectif du port du jilbâb soit, en soi, que celles qui le portent soient reconnues comme musulmanes. Quelle différence y a-t-il entre le khimâr et le jilbâb ? Le khimâr couvre les cheveux (Mufradât ur-Râghib). Quant au jilbâb, qu'est-ce donc ? S'agit-il de la même chose que le khimâr, ou bien s'agit-il de quelque chose de plus ample ? Les avis sont divergents sur le sujet, et Ibn Hajar a cité quelques 7 vêtements qui entrent dans l'acception du terme "jilbâb" (Fat'h ul-bârî 1/549). On peut dire ici que deux choses reviennent essentiellement : – Possibilité 1 : le jilbâb est la même chose que le khimâr ("qîla : al-khimâr") ; – Possibilité 2 : le jilbâb est différent du khimâr : il s'agit d'une sorte de grand pardessus que les femmes portaient sur leur robe et leur khimâr ("al-malâ'a"). Une chose est certaine : certaines femmes utilisaient leur jilbâb pour se couvrir le visage également. Aïcha raconte ainsi, dans le récit de ce qui conduisit à la calomnie : "Je me couvris alors le visage de mon jilbâb" (rapporté par al-Bukhârî 3910, 4473, Muslim 2770). Cependant, ce que ce récit montre c'est seulement que le jilbâb peut être utilisé pour couvrir le visage. Si on retient (comme nous) l'hypothèse B.2.3, le verset du jilbâb a été révélé avant celui du khimâr. Le verset du jilbâb vint ordonner aux musulmanes de se couvrir le corps sauf le visage et les mains. Plus tard fut révélé celui du khimâr, qui vint leur ordonner de rabattre sur leur encolure le foulard qu'elles portaient sur leur tête.