L'été dernier, les démarches allaient bon train pour l'ouverture d'une agence de la Banque de développement local (BDL) au centre de l'agglomération de Bouguirat. Avec l'avis favorable du chef de daïra, on sortit sur terrain, et il fut convenu de la cession du café, bien communal, mitoyen à la caserne de la protection civile. Pour une fois dans l'histoire de cette sinistre commune, un plus allait enfin s'ajouter, et la population, notamment les usagers des organismes financiers domiciliés à Mostaganem, se sont fort réjouis de la nouvelle qui n'a pas tardé à faire le tour du village. Hélas ! C'était sans compter sur l'avis, évidemment défavorable, des forces occultes particulièrement influentes dans cette commune, qui pour rien au monde ne voudraient que Bouguirat soit autre chose qu'un douar. De retour de son congé, le président de l'APC débouta le projet sur le champ. Aux yeux de M. le Maire, le chef de daïra avait toute la latitude d'émettre un avis favorable, mais il ne jouissait d'aucune prérogative à se substituer au président d'APC, seul responsable juridique à répondre au cas où l'on constaterait la moindre irrégularité quant à la cession ou la concession du bien communal en question. Selon le maire qui ‘'ne veut en aucun cas aller en prison au cas où'', toute cession ou concession à titre locatif devrait passer par l'adjudication et des enchères publiques, surtout que la BDL est un organisme à statut commercial. Eh oui ! Si cette banque publique est intéressée par l'extension de son réseau d'agences, ses responsables n'ont qu'à venir disputer aux particuliers la concession de ce café fermé depuis au moins 3 années, sans que l'APC n'en perçoive le moindre sou, et sans qu'elle n'en détienne même pas les clefs, ‘'confisquées'' par le dernier locataire. Triste, n'est-ce pas, de réaliser qu'en cette unique commune on brandit l'indisponibilité des locaux ou des assiettes foncières pour s'opposer à l'installation des services publics et parapublics. Personne ne trouverait à redire si le même traitement de la fin à non-recevoir aurait été réservé et aux services étatiques et aux particuliers. Alors qu'on oppose le ‘'niet'' catégorique aux uns, les autres se permettent des faveurs particulières. Ainsi, s'est-on permis des squats et des désistements de complaisance avant de prétendre à la régularisation. Des tours de passe-passe, à l'instar des personnes détentrices de titres de location délivrés par l'OPGI – mentionnant des mensualités locatives dont on ne s'est jamais acquittées – alors que des services administratifs occupaient les structures objet de la location, ou l'acquisition de logements d'astreinte avec spoliation de certaines écoles de leur cour au point de condamner des fenêtres de classes à l'obstruction, décidément, on aura tout vu et vécu à Bouguirat. Des caves avec grandes cours attenantes, des biens communaux et même habous et wakf pourtant recensés par la direction des affaires religieuses, ont de la sorte, fait ou font en ce moment même, de transaction occultes et de tentatives de régularisation quant à leur ‘'privatisation''. Et pour la même cause du ‘'niet'' brandi au sujet de la disponibilité de quelques mètres carrés bâtis ou non, Algérie-Télécom a été chassée (et a trouvé l'accueil favorable à Mesra), les services des impôts vont incessamment déménager à Mesra également, et Sonelgaz contraint ses abonnés de la daïra de Bouguirat de faire un long détour par Mostaganem pour rallier Hassi Mamèche afin de régler un banal problème d'électricité. Dommage ! Grand dommage pour un chef-lieu de daïra promis à l'élévation au rang de wilaya-déléguée !