Au moins cinq travailleurs de la zone industrielle de Rouïba (15km à l'est d'Alger) ont été blessés jeudi par la police lors d'affrontements avec les forces anti-émeute qui ont brutalement chargé pour empêcher une manifestation dans le centre-ville, a constaté sur place l'Associated Press. "Nous avons pu marcher jusqu' à l'usine de Coca cola (à environ 4km du centre) mais au moment de continuer notre marche vers le siège de l'Union syndicale, la police est entrée en action en chargeant violemment les camarades qui se trouvaient en première ligne", a témoigné Fouad Ben Maâmar, syndicaliste et contremaître à l'unité de carrosserie de la Société nationale de véhicules industriels (SNVI) "La zone industrielle a été envahie, ce matin, très tôt, par la police anti-émeute avec des dispositifs placés à l'entrée des usines pour empêcher les travailleurs de se rassembler", a relaté pour sa part Hamid Larari, de l'unité de fabrication de tubes. Pour la troisième journée consécutive, la zone industrielle de Rouïba, qui compte au moins 50.000 travailleurs, était paralysée jeudi par une grève générale à l'appel de l'Union syndicale locale, qui relève de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Principale revendication des travailleurs grévistes: le rétablissement du droit à la retraite anticipée après 30 ans de cotisation, que le gouvernement d'Ahmed Ouyahia a décidé de supprimer en décembre dernier après des négociations tripartites (syndicat-patronat-gouvernement), et l'augmentation des salaires. Le patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, proche du pouvoir, a vainement tenté de désamorcer la grogne dans la zone industrielle de Rouïba, que les pouvoirs publics redoutent pour son poids syndical. L'Algérie est en proie depuis des semaines à une colère sociale grandissante, qui touche déjà le secteur industriel, les médecins de santé publique et les enseignants, tous revendiquant des augmentations de salaires.