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Iran, israël : la guerre par puissances interposées
Publié dans Réflexion le 18 - 03 - 2017

Raid israélien en Syrie et tirs de missiles syriens en représailles ont brusquement fait monter la tension dans la région. Derrière cet accrochage sérieux entre les deux pays, c'est Téhéran et son allié libanais du Hezbollah qui sont en ligne de mire. Une guerre larvée entre l'Etat hébreu et la République islamique d'Iran, mais en territoire syrien transformé pour l'occasion en champ de bataille.
«Cette nuit, des avions de l'armée de l'air israélienne ont frappé plusieurs cibles en Syrie et ont été visés par des missiles anti-aériens.» C'est par cette phrase succincte et sans plus de précision, publiée sur son compte twitter, que Tsahal a revendiqué officiellement l'opération menée dans la nuit du 16 au 17 mars 2017 contre le territoire syrien.
Guerre de communiqués et de démentis
De son côté, Damas a confirmé que quatre avions de chasse israéliens étaient «entrés dans l'espace aérien syrien via le territoire libanais et ont atteint une cible militaire près de Palmyre». «Notre défense aérienne a abattu un appareil, touché un autre et forcé les autres à fuir», a encore précisé le communiqué de l'armée syrienne cité par l'agence officielle SANA. Une information aussitôt démentie par l'armée israélienne. Cette dernière a fait état de plusieurs tirs de missiles anti-aériens contre ses appareils «sans qu'ils soient à aucun moment menacés». Selon Tsahal, un des missiles a même été intercepté par le système israélien de défense anti-aérienne, Arrow 3, qui servait là pour la première fois.
Tout comme c'est la première fois que la Syrie ripostait à un des multiples raids menés par Israël contre son territoire. En effet, depuis janvier 2013, l'aviation de l'Etat hébreu a effectué une série de frappes ciblant la plupart du temps des dépôts d'armes et de munitions ainsi que des missiles destinés à la milice chiite libanaise pro-iranienne du Hezbollah. En 2015, plusieurs membres du Hezbollah, dont le fils d'un dirigeant et une figure telle que Samir Kantar, ainsi qu'un général des Gardiens de la révolution iraniens ont été tués lors de raid similaires, dans le Golan ou à la périphérie de Damas, sans plus de réaction.

Un accrochage sérieux en pleine montée des tensions
Ce dernier raid et la riposte de Damas interviennent en pleine montée des tensions entre l'Iran d'une part, et les Etats-Unis et Israël de l'autre. L'objectif déclaré de Benjamin Netanyahu étant de faire reculer le plus possible son ennemi numéro 1 de la frontière israélienne, au Liban et dans la parti du Golan syrien, occupée depuis 1967 et annexée en 1981. Le 15 février 2017, le Premier ministre israélien était reçu à Washington par Donald Trump. Déjà opposé à l'accord sur le nucléaire iranien conclu par son prédécesseur, ce dernier avait réagi violemment quelques jours auparavant à un tir de missile balistique iranien. «L'Iran joue avec le feu. Ils ne comprennent pas combien le président Obama a été "gentil" avec eux. Pas moi ! », avait-il déclaré. Le 9 mars, Benjamin Netanyahu rencontrait Vladimir Poutine au Kremlin sur le même thème. Saluant la contribution de la Russie au «progrès considérable de la lutte contre le terrorisme islamique radical sunnite» il avait déclaré au président russe : «Nous ne souhaitons pas que cette terreur soit remplacée par le terrorisme chiite islamique radical mené par l'Iran». Rendant compte de sa visite à Moscou, il a indiqué avoir surtout discuté avec le président russe «des efforts menés par l'Iran pour s'établir militairement en Syrie, y compris en construisant un port» sur la côte en Méditerranée, et «des efforts de l'Iran pour transférer du matériel de guerre, parmi lequel le plus sophistiqué, au Hezbollah via la Syrie».
Israël s'inquiète de la mainmise iranienne sur la Syrie
Dans son bureau situé au siège du premier ministre à Jérusalem, Chagai Tzuriel, le directeur général du ministère du renseignement, dessine des arcs avec son doigt sur la carte du Moyen-Orient. Il trace un croissant, celui de l'axe chiite, de la mer Méditerranée jusqu'à la mer Rouge, qui concrétiserait la volonté hégémonique qu'Israël et les puissances sunnites prêtent à la République islamique iranienne. Selon cet ancien haut responsable du Mossad, où il a travaillé près de trois décennies, Israël s'alarme de la possible construction de structures militaires iraniennes permanentes en Syrie. « Le renforcement de l'axe chiite conduit par l'Iran, surtout depuis la chute d'Alep, est dangereux non seulement pour la sécurité d'Israël, mais aussi pour la majorité sunnite en Syrie, les pays sunnites de la région et les minorités sunnites dans d'autres pays, comme la Russie ou la Chine, dit-il. Il ne faut pas permettre au Hezbollah et à l'Iran de s'implanter en Syrie. Nous devons définir ce qui doit être évité. Par exemple, une base militaire iranienne, ou une base navale, en Syrie. Soit une présence à long terme». Le premier ministre israélien a qualifié l'Iran de « plus grand générateur de terrorisme au monde ». Cette base iranienne est le nouveau cauchemar israélien. Après la signature, puis la ratification américaine de l'accord sur le programme nucléaire iranien, en 2015, la République islamique avait cessé de revenir dans tous les discours de M. Nétanyahou. Mais l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, qui dessine la possibilité d'une coordination étroite entre les deux pays face à Téhéran, et la donne sur le terrain en Syrie font à nouveau de l'Iran l'ennemi prioritaire de la politique.


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