La guerre n?est pas et ne semble pas du tout qu?elle finira bient?t en Irak. Les Am?ricains sont trop engag?s pour tout abandonner maintenant. Trois guerres, une douzaine d?ann?es de soumission ? des sanctions internationales, l?Irak s?enfonce en plus dans une double guerre. Une guerre que m?nent les sunnites (et aussi des ?l?ments li?s ? la Qa?da) contre les forces arm?es de la coalition et contre les forces de s?curit? gouvernementales, c?est-?-dire les forces ?kurdo-chiites?, et une guerre plus sournoise, plus meurtri?re qui se dessine et qui prend le nom de guerre civile. Dans le cas o?, r?ellement, la guerre civile s?installe et o? le Conseil de s?curit? de l?Onu s?en saisit, c?est probablement le statut des forces ?trang?res pr?sentes sur le territoire irakien qui risque de conna?tre une modification. Quelles le?ons pourrons-nous tirer de cette troisi?me guerre qui n?est pas encore sur le point de conna?tre une fin? D?abord sur le plan international. La premi?re guerre du 21?me Si?cle est men?e sur le style des guerres coloniales, c?est-?-dire avec l?occupation du territoire. Celle-ci s?est d?roul?e en deux phases. La premi?re est technologique et s?est termin?e en faveur des forces de la coalition qui poss?dent une force de frappe ? distance vraiment ph?nom?nale. La deuxi?me a commenc? avec l?occupation du territoire et a d?montr? et d?montre encore que, dans une gu?rilla urbaine, la sup?riorit? op?rationnelle n?est pas du c?t? des forces disposant d?une technologie de guerre avanc?e. La mobilit?, la clandestinit?, l?immersion au sein des populations, et davantage les motivations, permettent l?initiative, le choix du moment et de la cible, ainsi que les moyens de frappes ? utiliser. La doctrine militaire am?ricaine, qui int?gre l?occupation du territoire jusqu?? la chute du r?gime en place et son remplacement par un gouvernement ami, ne pr?voit pas la possibilit? d?une forte r?sistance. Dans une guerre de style colonial, la notion de puissance militaire ne prend pas ici toute son importance. Et encore, dans le cas de l?Irak, la rupture de la coh?sion nationale par la promotion de la logique ethnique a fait perdre toute sa notion ? l?espace de d?fense, compte tenu que les chiites et les Kurdes ne s?opposent pas aux forces de la coalition qu?elles ne consid?rent d?ailleurs pas, par voie de cons?quence, comme des forces d?occupation. De toute fa?on, cette guerre est une catastrophe pour toutes les forces en pr?sence, plus particuli?rement pour les populations. A la fois pour ce qui concerne les vuln?rabilit?s internes face ? une menace ext?rieure et les risques d?une guerre civile, la meilleure et la plus efficace des parades demeure, bien entendu, la coh?sion nationale, ce qui a terriblement fait d?faut ? l?Irak. Cette coh?sion a ?t? d?abord et principalement d?truite par la gestion r?pressive du r?gime de Saddam qui a r?prim? ce qu?on pourrait appeler des ethnies, ? savoir les chiites qui sont majoritaires, ainsi que les Kurdes. Cette coh?sion ?t? ?galement d?truite par l?id?ologie baathiste qui ne reconna?t pas les particularit?s. Il faudrait cependant remarquer qu?? ses d?buts, la guerre avait donn? l?impression que les sunnites et les chiites allaient ?tre li?s par un sentiment national unitaire. Les divergences de fond avaient commenc? par le lancement d?une solution politique provisoire, puis s??taient aggrav?es avec les ?lections. Les ?lections, bien que faisant partie de la d?mocratisation, ne r?sument pas ? elles toutes seules la d?mocratie. Dans le cas de l?Irak, les ?lections donneront la victoire ? une ethnie sur une autre, ou plut?t sur les deux autres, ce qui am?ne les Kurdes ? revendiquer le syst?me f?d?ral pour l?Irak. Dans le cas d?une option pour le syst?me f?d?ral, les Arabes sunnites ont des raisons de le rejeter, notamment pour la raison que la portion de territoire qui va leur ?choir se trouve en dehors des p?rim?tres importants des champs p?troliers.