La cin?math?que de Sidi Bel-Abb?s a projet? vendredi dernier, le documentaire de Yasmina Adi, ?L?autre 8 mai 45?. D?embl?e, ce film r?v?le des zones d?ombre d?une chronique d?un massacre annonc? et le m?canisme hideux de la r?alit? coloniale. Par le biais de t?moignages vivants des acteurs m?mes et renforc?s par une documentation bien nourrie, la r?alisatrice a r?ussi un plaidoyer digne des grands avocats de causes justes. Les images, les paroles, la tonalit? simple des gens anonymes, les positions de chacun -illustre ou inconnu- et un arsenal d?arguments pour insister sur la notion irr?futable que le colonialisme n?est jamais positif. Pour preuve, ce carnage perp?tr? dans ce passage effroyable o? des centaines de manifestants sont jet?s du haut des gorges du Rummel. Les propos de l?historien Pascal ou encore du reporter am?ricain ayant suivi sur le terrain ces ?v?nements, auront apport? au documentaire une implacable et accablante charge contre les auteurs de cette horreur qui interpelle, jusqu?? nos jours, la conscience universelle. L?un des t?moignages dans le film aura cette phrase lapidaire, ?Tout est parti de l??. Au cours du d?bat, la r?alisatrice ? une question sur le chiffre macabre de 45.000 morts, elle aura cette r?ponse cinglante: ?Il faudrait aller plus loin que la bataille des chiffres, donc aux historiens d??tablir un ?clairage plus approfondi sur les origines de ce massacre, remonter plus haut vers la pyramide pour s?en faire une id?e plus large et s?il faut parler de g?nocide, les preuves ressortiront avec le temps?. Un intervenant interrogera l?auteur sur la r?action des publics europ?ens. Yasmina Adi dira que, lors de sa tourn?e, elle a constat? de la part de ceux qui ont vu le documentaire de la consternation et un choc. Film?e sur les lieux m?mes, commentaire sans fioriture, cette ?uvre constitue d?j? une pi?ce ? conviction et peut participer tout au moins ? un grand dialogue sur la n?cessit? de mettre les archives ? la disposition des sp?cialistes. Ceci pour rendre lisible et d?coder le sens d?un ?v?nement majeur aussi meurtrier que celui de S?tif, Guelma et Kherrata au c?ur d?une c?l?bration que l?Europe f?tait dans la liesse apr?s la victoire des alli?s sur l?Allemagne nazie. Malgr? la pr?sence tr?s r?duite du public, l??motion et la sensibilit?, notamment aupr?s des jeunes, auront ?t? ressenties tel un ?cho lointain venu se r?percuter pour dire que l?histoire est un ?ternel recommencement.