Une enquête sur la situation professionnelle des travailleurs de l'Education fait jaser au niveau de la SNTE d'Alger, filiale de l'UGTA. Insécurité, méconnaissance de la loi d'orientation promulguée, manque de sérieux dans les cours, les examens et les évaluations, absence de médecine du travail dans les écoles malgré la prolifération de maladies professionnelles non reconnues telles les allergies, la gastrite, la tension artérielle, le diabète, les troubles nerveux et l'arthrose, le manque flagrant de sanitaires et d'AEP, les carences dans la prévention liées à l'amiante et à la qualité de l'eau des citernes et les risques de contagion, notamment dans les établissements scolaires reculés à Baraki, aux Eucalyptus, à Bordj El Kiffan et à Bourouba, multiplication de comportements négatifs entre le fonctionnaire et l'administration, en l'occurrence des pressions, des marchandages, des provocations, des harcèlements, du favoritisme, des abus d'autorité et la rétention de l'information, tels sont les résultats accablants d'une enquête sur la situation professionnelle des travailleurs de l'Education réalisée au mois de mai dernier par le Syndicat nationale des travailleurs de l'Education (SNTE affilié à l'UGTA) au niveau de 44 lycées, 103 CEM et 324 écoles primaires répartis dans 17 communes d'Alger-Est. Quelque 8.000 exemplaires de questionnaires ont été distribués aux 14.000 fonctionnaires des établissements scolaires sus-cités. Dans une conférence de presse, tenue, hier, en son siège au CEM Aïssat Idir, le secrétaire à l'organique du SNTE d'Alger-Est a loué cette démarche qui a permis, selon lui, de faire un état des lieux d'une école algérienne mal en point. Le représentant syndical cite parmi les contraintes liées à l'enquête, des réticences en rapport avec les syndicats et un certain désintéressement des concernés et relève des obstacles dressés par un syndicat autonome, sans aller à le nommer. De son côté, le SG de wilaya de la SNTE, Ahmed Boutaraâ, estime que sur le plan de l'information, l'enquête a révélé que la majorité des fonctionnaires de l'Education (enseignants et agents administratifs), non seulement ignorent la nouvelle loi d'orientation 04/08 publiée en juin dernier, qui est la première charte éducative du secteur, mais mieux se réfèrent aux seuls journaux et autres rumeurs pour s'informer. C'est encore pire pour les personnels travaillant dans des écoles «enclavées». Sur le volet de la formation, le représentant du SNTE affirme que l'enseignement dispensé ne correspond pas à la politique de réforme éducative mise en œuvre et destinée uniquement à la catégorie des enseignants, excluant du coup et le personnel administratif et les adjoints d'Education. L'orateur a dénoncé, par ailleurs, la prédominance du phénomène d'insécurité dans les écoles avec la propagation des actes d'agression commis par les élèves et leurs parents à l'égard du corps enseignant et des cas de dépassement des directeurs et des instituteurs. Le SG de la SNTE fait état, également, d'affectation d'agents de sécurité aux comportements douteux, par les collectivités locales, dans le cadre du filet social, sans prendre la peine de vérifier la conduite de ces gardiens. En matière de prévention, le porte-parole du SNTE rend compte également de l'absence totale de conventions en termes de médecine du travail avec les établissements scolaires. Cette situation, selon lui, a généré, une désertion dans la prise en charge des maladies professionnelles, autres que la dysphonie reconnue jusqu'ici, à savoir les allergies, la tension artérielle… qui n'ont pas cessé d'affecter les fonctionnaires en exercice. Dans son diagnostic, le représentant syndical a relevé aussi l'existence des traces d'amiante dans certaines vieilles écoles de la banlieue-Est d'Alger notamment à Baraki, Les Eucalyptus, Bordj El-Kiffan et Bourouba, ainsi que l'absence de sanitaires et d'eau courante dans certains établissements primaires gérés par les collectivités locales, avec tous les risques que peuvent engendrer les maladies à transmission hydrique. Dans le dernier axe relatif aux relations de travail, l'enquête de la SNTE a révélé une détérioration des conditions de travail des enseignants qui se répercute par un manque de sérieux durant les cours, les examens et les évaluations. Aussi, l'enquête marque l'absence de dialogue entre les fonctionnaires et leur tutelle, amenant ces derniers à adopter des comportements négatifs empreints de toutes sortes de pressions, de marchandages, de provocations, de harcèlements, d'abus d'autorité, de rétention de l'information et d'absence de protection pour le fonctionnaire. Tous ces comportements ont fait de l'école un lieu sinistré. Dans une déclaration qui nous a été remise, la SNTE tire la sonnette d'alarme et compte présenter une plate-forme de revendications au premier responsable du secteur de l'Education.