La succession est-elle désormais ouverte pour le poste de Premier ministre? Ahmed Ouyahia est-il en sursis? L'épisode du remaniement ministériel du printemps dernier n'a pas encore fait sécher l'encre que le bruit court aujourd'hui faisant état de la succession de l'actuel locataire du Palais du gouvernement par le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Une dizaine de jours ne s'étaient pas écoulés, depuis l'élection présidentiable du 7 avril dernier, que la presse annonçait déjà le remplacement de Ahmed Ouyahia par Abdelaziz Belkhadem. Déjà que Belkhadem nourrirait l'ambition de revenir en tant que Premier ministre. Le secrétaire général du FLN pourrait bien succéder à Ahmed Ouyahia à la fin du mois de juillet soit juste après la fin du festival panafricain que l'Algérie s'apprête à organiser du 4 au 20 du même mois. Toute l'énergie et la force mentale de Ahmed Ouyahia n'auront pas résisté aux coups de boutoir de son adversaire numéro 1. Ouyahia pourrait donc bien être contraint de passer le relais à son prédécesseur. Les raisons ne sont pas forcément d'ordre politique. S'il a, certes, commis des erreurs, il faut reconnaître qu'il a aussi été victime d'obstruction de la part de ses adversaires. Les anciens ministres et le clan présidentiel n'ont jamais admis que Ahmed Ouyahia puisse s'installer à la tête d'un gouvernement qui échappait alors au contrôle présidentiel et ils le lui ont fait payer, par une politique d'obstruction. L'obstruction fut d'autant plus forte qu'une partie de la classe politique a rapidement soupçonné Ahmed Ouyahia d'avoir des ambitions personnelles et peut-être qu'il n'a pas su dissiper le malaise grandissant. Des partis d'opposition lui ont aussi reproché de ne pas avoir entretenu, avec eux, un dialogue permanent sur la politique gouvernementale. On peut dire que, peu à peu et au fil du temps, Ahmed Ouyahia s'est retrouvé isolé. Entre les vrais adversaires, ceux qui ont eu peur de lui, et ceux qui ont cessé de croire en lui, le Premier ministre s'était fait beaucoup d'ennemis. Un nouveau remaniement ministériel est dans l'air, indique-t-on encore. L'attaque était attendue. Car, à peine installé Ouyahia était déjà sur la défensive. Le Premier ministre a en conséquence besoin d'être soutenu par ses ministres et par une équipe plus performante dans la lutte contre la corruption et la bonne gestion des deniers publics. Etrange remue-ménage politique. En effet, et selon certaines sources concordantes, le président Bouteflika serait amené à bouleverser l'ordre des choses en décidant de modifier complètement «l'agenda politique» en procédant en 2010 à la révision de la Constitution. Elle sera précédée, ajoute-t-on, par la tenue, au cours du premier trimestre de la même année, d'un référendum sur l'amnistie générale dont le contenu n'est toujours pas divulgué. Le président a déjà sillonné les pays qui ont eu à passer par cette douloureuse épreuve, pour s'entourer d'un maximum de précautions pour ne pas échouer dans sa tentative. Une chose est sûre et certaine : le futur Premier ministre qui aura à appliquer la politique relative à l'amnistie générale ne sera pas l'actuel Premier ministre Ahmed Ouyahia. Il est reproché à celui-ci son manque d'entrain et de vigueur à propos de cette loi. Et c'est tout naturellement que les regards se tournent vers Abdelaziz Belkhadem, le ministre d'Etat sans portefeuille mais qui dispose d'un fort crédit d'estime de la part de Bouteflika. N'est-ce pas lui qui a décidé de quitter de son plein gré le précédent gouvernement Ouyahia pour, a-t-il dit, s'occuper de la reconstruction du FLN sans que le président Bouteflika, qui aurait pu le persuader de rester encore, ne bouge le petit doigt. Le repli tactique de Belkhadem est motivé par le fait que son parti le FLN qui aspire à reprendre la tête du gouvernement, n'était pas prêt politiquement à assumer une telle charge gouvernementale qui nécessite de prendre des mesures sociales contraignantes pour la population et perdre ainsi son crédit auprès de cette dernière. Mais, en tout état de cause, la succession d'Ouyahia est d'ores et déjà ouverte.