Il faut croire que par son geste le président en exercice donne des sueurs froides à ses adversaires. Alors qu'il n'a toujours pas annoncé s'il briguait ou pas un second mandat, Bouteflika a finalement donné un signal fort hier à ses rivaux dans la course à la présidentielle de 2004. En effet, c'est l'officielle APS qui a fait état hier à travers un communiqué laconique mais lourd de signification que la candidature de Bouteflika au futur scrutin ne souffre désormais plus d'aucune équivoque. «Un nouveau formulaire de souscription de signature pour les candidats à la prochaine présidentielle a été retiré par le représentant personnel de M.Abdelaziz Bouteflika auprès du ministère de l'intérieur et des collectivités locales», y lisait-on. On ne peut plus édifiant. Ce nouveau retrait porte ainsi à quarante-deux le nombre de formulaires retirés depuis le début de l'opération. Et signe par là même que la candidature de l'actuel n°1 du pouvoir ne fait plus aucun doute. Du coup M.Bouteflika se trouve dans le starting-block de la présidentielle et se voit de facto dans la cohorte d'une quarantaine de postulants à la magistrature suprême qui se sont déjà fait connaître. Parmi eux des ténors, comme l'ancien chef de gouvernement, le patron du FLN, M.Ali Benflis, deux autres ex-chefs de gouvernement Sid Ahmed Ghozali et Mokdad Sifi, le général à la retraite Rachid Benyellès, l'islamiste Abdallah Djaballah, ainsi qu'Ahmed Taleb Ibrahimi. Il faut croire que par son geste le président en exercice donne des sueurs froides à ses adversaires. Puisqu'il retire ce document préalable au rendez-vous du 8 avril prochain, alors que le jeu électoral semble de plus en plus verrouillé, ce qui ne manque pas d'exacerber les inquiétudes de la classe politique d'autant plus que tous les postes clés - Premier ministre, ministres de l'Intérieur et de la Justice, président du Conseil constitutionnel - sont occupés par des hommes acquis au chef de l'Etat. Par ailleurs tous les postulants ne sont pas sûrs de pouvoir se présenter car les conditions de parrainage sont strictes. Avant de voir avalisées leurs candidatures par le Conseil constitutionnel, ces éventuels candidats doivent recueillir un minimum de 600 signatures d'élus d'APC ce wilayas, de députés ou de sénateurs dans au moins 25 wilayas ou encore 75.000 signatures d'électeurs. Une opération qui s'assimile par contre à un véritable jeu d'enfant pour l'actuel locataire du palais d'El-Mouradia. Une manière comme une autre pour Bouteflika de répondre à ses détracteurs candidats qui ont déjà crié à «la fraude qui s'organise». Par ailleurs, en allant directement vers les populations le président Bouteflika se donne une longueur d'avance bien remarquable sur ses concurrents de tous bords. Le mandat de M.Bouteflika, élu le 15 avril 1999, s'achève le 27 avril prochain, cinq ans après son investiture. Par un langage codé Bouteflika n'a cessé de maintenir le suspense quant à sa deuxième investiture, il semble maintenant déclarer sa candidature à sa propre succession. Il le fait sans le FLN que mène un Benflis entré en conflit ouvert avec son président au printemps 2003. l'ex-Premier ministre et non moins ex-directeur de campagne de 1999 réussit magistralement la prise de contrôle du fLN à la faveur du 8e congrès décrié par M.Bouteflika tente, depuis, mais en vain de regagner les militants de cette extraordinaire machine électorale qu'est le parti FLN; un FLN qui a plébiscité officiellement Benflis comme candidat à la présidentielle. Formé à l'école de Houari Boumédiene, dont il fut longtemps le ministre des Affaires étrangères, M.Bouteflika a su jusqu'à maintenant louvoyer à travers moult contradictions qui caractérisent le système. Son principal point noir demeure la crise en Kabylie qu'un Ouyahia tente vaille que vaille de désamorcer en poursuivant le dialogue avec le mouvement citoyen.