Hafid Aourag, le directeur général de la Recherche scientifique au ministère de l'Enseignement supérieur a fait avant-hier une déclaration très critique sur la question des projets inhérents à la recherche scientifique. Intervenant à l'occasion de la première université d'été, organisée par le Syndicat national des chercheurs permanents (SNCP), il a regretté que «sur les 6.085 projets de recherche scientifique, menés par des universités algériennes, très peu sont des valeurs ajoutées». Le responsable au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ajoutera que «l'objectif principal des propriétaires de projet est l'octroi d'une indemnité». Et il note au passage que le parcours de ces projets «s'arrête après une durée de deux à trois ans». L'intervenant notera ainsi grandement «l'absence de la pérennisation de l'acte de recherche» en ajoutant que «cette situation a une répercussion grandement négative et directe sur les vrais chercheurs». Le Professeur Aourag évoquera «l'entrave à l'épanouissement de la recherche en Algérie». De quoi s'agit-il? «Il est question du déficit des chercheurs parmi les enseignants universitaires», note-t-il avant d'indiquer que «sur les 35.000 enseignants universitaires, 21.000 seulement sont des chercheurs, d'où l'importance de créer un système qui permette l'émergence de la compétence». Dès lors, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui veut pallier cette insuffisance évoque le recours à la force de la loi. Dans ce contexte, le Professeur Aourag a annoncé la préparation, par son ministère, de trois projets de loi devant être soumis au Premier ministre dès la rentrée sociale. Ceux-ci permettront, entre autres, d'améliorer la situation sociale du chercheur. Le premier projet concerne le système de "contractualisation" où chaque enseignant sera appelé à présenter, après quatre ans du début de ses travaux, un rapport sur sa recherche. "Tous les projets qui n'apporteront pas un plus pour la recherche seront automatiquement supprimés", a-t-il dit, précisant que cette méthode permettra d'évaluer les capacités de chacun des chercheurs. Ce texte de loi sera suivi par un "système d'excellence" où chaque chercheur "compétent" pourra bénéficier d'avantages. Une méthode qui permettra à la tutelle, a-t-il précisé, de "distinguer également celui qui a publié 10 livres de celui qui n'a rien fait ou bien de celui qui n'a publié qu'un seul livre et celui qui a plusieurs brevets de celui qui n'a rien". Le système de "mobilité" est également mis en avant, tout en expliquant qu'il a pour objectif de permettre aux chercheurs de bénéficier des stages dans les universités algériennes. Quoi qu'il en soit, ce responsable escompte à travers ces textes de loi mettre fin à une situation plus que délétère dans la recherche scientifique. Le professeur Hafid Aourag, qui a assuré ses enseignements dans différentes universités en Algérie (Sidi Bel-Abbès et Tlemcen) et en France (Belfort-Montbéliard), a encadré de nombreux laboratoires de recherche. Il a été nominé pour le prix Nobel de physique en 2006 et reconnu comme l'un des meilleurs chercheurs par l'université de Cambridge. Il est considéré par l'OCI comme étant le meilleur chercheur des pays islamiques. Docteur honoris causa aux Etats-Unis, ce physicien hors pair est également à l'origine d'un projet de recherche futuriste sur le génome des matériaux pris totalement en charge par une université américaine (U.S. State University - IOWA) où il a encadré une équipe de docteurs-chercheurs internationaux.