Les cinéphiles oranais ont réservé un accueil chaleureux au film «Mustapha Benboulaïd» d'Ahmed Rachedi, le deuxième long métrage algérien en compétition officielle et sérieux candidat pour le sacre de l'Ahaggar d'or, qui a été présenté, lundi après-midi à Es-Saada, salle archicomble. Il est cependant utile de rappeler que la qualité du son dans cette salle a été tant de fois décriée si bien qu'il est devenu une tradition, en préambule de chaque projection de film, de prévenir le public quant aux désagréments sonores auxquels il doit s'attendre et qui ont malheureusement pour effet d'affecter la parfaite restitution de l'œuvre présentée. «Mustapha Benboulaïd» est un film historique, c'est aussi le premier long métrage algérien consacré à une figure de proue de la guerre de libération nationale. La production tente, à travers le portrait et le parcours d'un militant, tout en évitant de tomber dans la dérive facile du culte du héros, une reconstitution de cette séquence de l'histoire du mouvement nationaliste algérien et de la guerre de libération nationale qui va du déclenchement de la révolution à la mort prématurée au champ d'honneur d'un des principaux chefs de la révolution algérienne. «Mustapha Benboulaïd» est un film à grand spectacle mais qui ne se refuse pas de céder à la fiction en prenant quelques libertés avec l'histoire. Il y aura dans le film bien sûr des scènes de combat (filmés avec une indéniable maîtrise technique) qui exigeront, comme dans les grands films d'action, la mobilisation de grands moyens humains et matériels. Mais les événements seront relatés conformément au cours de l'histoire (réunion des six chefs historiques, réunion des 22, choix de la date de déclenchement de la révolution, tentative de ralliement de Messali Hadj (interprété avec brio par le dramaturge Slimane Benaïssa). Le film nous introduit de plain-pied dans l'engagement de Mustapha Benboulaïd dans l'action militante dès son retour au pays, au lendemain de sa démobilisation après avoir pris part dans les champs de bataille européens à la 2e guerre mondiale. La contribution du personnage central du film (admirablement interprété par le comédien Hassan Kechach) dans le déclenchement de la révolution et sa participation active au combat libérateur sont décrits avec beaucoup de sobriété. La fin du film sera saluée par des applaudissements et des youyous du public. Le réalisateur Ahmed Rachedi et le comédien Hassan Kechach, qui campe le personnage de Mustapha Benboulaîd, présents à la projection, seront assiégés par les caméras et le public. Le réalisateur, qui a souligné la nécessité de poursuivre la production des films sur les héros de la guerre de libération nationale, a annoncé, à cette occasion, que deux films, l'un sur le Colonel Lotfi et l'autre sur Krim Belkacem, seront prochainement en tournage. Né en 1938 à Tebessa en Algérie, Ahmed Rachedi reçoit sa formation dans la section cinématographique du FLN, à Tunis. En 1962, il est l'un des membres fondateurs, avec René Vautier, du centre audiovisuel CAV. Directeur général de l'ONCIC depuis 1967, date de sa création, jusqu'en 1971, il produit plusieurs films de Costa-Gavras et de Youssef Chahine. Il réalise de nombreux courts métrages à partir de 1962 et participe au film collectif «Pour que vive l'Algérie» (1972). Volet longs-métrages, il est le réalisateur de «L'Aube des damnés» (documentaire, 1965), «L'Opium et le bâton» (1969), «Le Doigt dans l'engrenage» (1974), «Ali au pays des mirages» (1979) et «Le Moulin de M. Fabre» (1984).