Le 1er du mois en cours, une plainte a été déposée auprès du procureur de la République près le tribunal d'Aïn El-Türck, par un collectif de 40 jeunes promoteurs qui ont adhéré, comme la loi algérienne le permet, au dispositif Ansej-banques. Ils accusent le gérant d'une société de construction de bateaux, sise à El Kerma, d'escroquerie et de détournement de la totalité des montants des crédits accordés par les banques CPA et BADR, dans le cadre du dispositif de soutien aux jeunes porteurs de projets, et ce, suite aux commandes de bateaux de diverses dimensions qui n'ont pas été honorées. En moyenne, ce sont des chèques de 1 milliard chacun qui ont été remis par les jeunes promoteurs au constructeur de bateaux comme l'attestent les contrats établis avec le fournisseur unique de la Sarl Médiboat Algérie. Chawki, un des promoteurs abusés, fera savoir à ce propos «le contrat stipule que le délai de livraison est de 12 mois, largement dépassé depuis le 7 juillet 2008. L'argent a été empoché mais les bateaux ont connu des taux d'avancement très faibles, alors que pour certains les travaux n'ont même pas démarré». Karim, un autre opérateur qui n'arrive toujours pas à réaliser qu'il a tenté de lancer une activité grâce à un dispositif national pleinement approuvé par le premier magistrat du pays, se retrouve comme de nombreux autres jeunes pris dans une affaire de détournement des crédits accordés par les banques BADR et CPA qui, passés les délais convenus, exigent le remboursement des échéances suivies de pénalités de retard. Karim qui attend toujours son bateau de 8,15m, en polyester et fibre de verre, fera savoir a ce sujet «j'ai informé l'Ansej des retards pris par la Sarl Médiboat Algérie dont les comptes sont gelés au niveau de la Banque Badr, ce qui m'a poussé à financer par mes propres ressources les surplus générés, et ce, en plus du chèque N° 0371235 d'un montant de 9.450.000 dinars. Et à ce jour, nous sommes perdus face à cet engrenage auquel nous sommes confrontés». On apprendra qu'un autre jeune, souscripteur au même projet, victime d'une dépression nerveuse, mettant son jeune ménage en péril avait, pour les besoins de son apport personnel financier, vendu son humble demeure. Lui aussi a remis la totalité du montant de son chèque, octroyé par la Banque Badr, au gérant de la Sarl Médiboat Algérie dont l'unité de production est implantée à la Zone industrielle d'El Kerma. Au total, ils sont 40 jeunes promoteurs à Oran et 20 autres souscripteurs au même projet, lié à la pêche, qui résident à Alger et ses environs. Le montant de chaque projet des jeunes promoteurs est estimé, en moyenne, à 10 millions de dinars. Parallèlement, les études faites au préalable, comme exigé lors de la constitution des dossiers, devaient permettre la création de 17 emplois par embarcation. Ce qui aurait permis la création de plus d'un millier d'emplois si chaque maillon de la chaîne du dispositif de soutien aux jeunes, porteurs de projets, avait rempli son rôle. Du côté de l'Agence nationale du soutien et de l'épanouissement des jeunes (Ansej), on maintient que «nos services ont saisi par correspondance les organismes bancaires afin de les prévenir du litige existant entre les promoteurs et la Sarl qui construit les bateaux de pêche, et ce, dans le but de revoir la procédure de recouvrement des pénalités et des échéances convenues du fait que l'activité de ces jeunes promoteurs n'a pas encore démarré. En plus, nous n'avons aucun moyen de pression contre ledit fournisseur pour l'inciter à respecter les contrats établis entre lui et les jeunes promoteurs». Pour ce qui est de la direction régionale de la banque Badr, nous n'avons pu joindre les responsables de cet organisme financier, le service juridique de ladite banque ne pouvant s'exprimer sans l'autorisation de sa hiérarchie. Par ailleurs, Mme Araben, l'épouse du gérant de la Sarl Médiboat Algérie, nous apprendra que le constructeur est depuis deux semaines en voyage à l'étranger dans le but de trouver des équipements pour bateaux de pêche, en vue de régler les litiges des retards pris dans l'achèvement de la construction des bateaux. Ceci étant, les jeunes promoteurs se trouvent, à l'heure actuelle, totalement désorientés face au problème auquel ils sont confrontés. Ils ont souscrit à un dispositif national de soutien aux jeunes et se disent étonnés d'entendre parfois des menaces de la part de certains interlocuteurs à qui ils ont voulu exposer leurs problèmes. Pire encore, ces mêmes jeunes font état de propos désobligeants de la part de certains responsables. Ils déclarent unanimes :«Nous avons légalement adhéré au dispositif, notre intention première était de créer un projet avec, comme cela est permis, une aide financière des banques avec la bonne foi de rembourser notre crédit selon les lois et réglementations en vigueur en Algérie. Le fournisseur vers lequel on a été orienté se trouve être défaillant on a été abusés et les propos de certains responsables nous mettent en position de coupables. Et c'est dans ce but précis que nous avons déposé officiellement plainte auprès du procureur de la République, car seule la justice de notre pays est en droit de nous redonner confiance en nous protégeant d'un système bien huilé dont beaucoup ont usé et abusé aux dépens de jeunes qui n'ont eu qu'un seul tort, celui de croire aux mécanismes mis en place pour permettre aux porteurs de projets de mettre leurs idées en pratique et participer ainsi au développement de notre économie, tant locale que nationale».