L'Organisation mondiale de la santé (OMS) insiste, à l'occasion de la Journée mondiale anti-tabac, célébrée aujourd'hui, sur la nécessité de protéger les femmes et les jeunes filles des effets nocifs de la publicité et du marketing du tabac qui risque de tuer plus de 8 millions de personnes dont 2,5 millions de femmes, à l'horizon 2030. Selon une enquête de l'OMS sur le tabagisme, ce phénomène connaît une progression constante chez la gent féminine au niveau mondial. Les jeunes filles fument de plus en plus, marquées par l'idée que fumer est considéré comme un signe de liberté et de progrès. En Algérie, le taux de tabagisme chez les femmes, toutes catégories d'âge confondues, a atteint 6%, a affirmé le Pr Farida Skandar qui a précisé que le taux de tabagisme chez les femmes avoisine celui enregistré dans les pays de la rive sud de la méditerranée, soit 9%. Se basant sur une étude réalisée en 2007 concernant des familles algéroises, le Pr. Skandar a déclaré que les 15-24 ans sont les plus touchées par le tabagisme, soit un taux de 12%. Selon l'étude, les filles commencent à fumer, en général, à l'âge de 15 ans, et 20% des filles âgées de 16 ans fument régulièrement alors que 50% en deviennent dépendantes à l'âge de 19 ans. La spécialiste a également relevé la propagation d'un nouveau fléau au sein de la société algérienne, à savoir le narguilé (chicha) dont l'addiction est plus grande par rapport à la cigarette. En effet, une heure de chicha équivaut à fumer 20 paquets de cigarettes. Le Pr. Salim Nafti, a dit que près de 40 fumeurs meurent prématurément chaque jour en Algérie de maladies liées au tabagisme. 95% de ces décès interviennent chez les hommes. Les femmes restent beaucoup moins touchées mais l'évolution du taux du tabagisme féminin laisse présager un avenir plus tragique. Ce grave fléau cause entre 3.000 et 4.000 cancers du poumon par an, avec une incidence de l'ordre de 25 cas pour 100.000 habitants en Algérie. Outre les décès causés par le cancer, la mortalité cardiovasculaire, estimée liée au tabac, est de plus de 7.000 décès et le risque coronarien et celui de mort subite sont 2 à 4 fois plus élevés chez le fumeur, en particulier entre 30 et 50 ans, a encore indiqué le spécialiste. Concernant la femme, le risque d'avortement spontané et de grossesse extra-utérine est doublé chez les fumeuses, outre les malformations et le retard de croissance chez les nourrissons. Le tabagisme concerne également la "Chemma" ou la "Neffa". Il faut savoir que 8,5% des Algériens consomment la "Chemma" (tabac à chiquer). 11% des consommateurs sont âgés entre 45 et 54 ans. Ces derniers considèrent qu'elle est moins nocive que la cigarette pourtant le risque de développer un cancer de la bouche est quatre fois plus élevé chez les chiqueurs que chez les non chiqueurs. La chemma contient 2.000 substances chimiques où on retrouve les mêmes produits toxiques et cancérigènes contenus dans la cigarette. Le Pr Habib Douaghi a affirmé, quant à lui, que l'application des lois anti-tabac était une question culturelle qui s'inscrivait dans la durée. L'Algérie a élaboré une série de lois anti-tabac et se place en tête des pays africains qui ont ratifié la convention cadre de l'OMS de lutte contre le tabagisme mais l'application de ces lois est une autre question.