Le marché des assurances a connu une hausse de 6%, en Algérie, durant l'année 2010. Comparé à l'année 2009, le secteur des assurances a réalisé un chiffre d'affaires de près de 79 milliards de dinars en 2010, selon le bilan rendu public samedi par le Conseil national des assurances (CNA). Est-ce à dire que le secteur se porte bien ? Rien n'est moins sûr si on considère la situation dans le détail et en comparaison avec nos proches voisins. Cette hausse révèle une réalité qui illustre le manque d'intérêt à l'égard de ce secteur. Un secteur qui entre, pour une part quasi négligeable, dans le PIB algérien avec 0,7%. De ce fait, il se trouve largement en retard par rapport aux besoins de l'économie algérienne et devrait être sérieusement amélioré. La réalité est encore plus illustrative. Le secteur de l'assurance ne survit encore que grâce à l'assurance automobile obligatoire, comme le confirme son chiffre d'affaires très faible. Le privé se trouve à l'état embryonnaire dans le secteur des assurances, dominé par le secteur public. L'assurance contre les catastrophes naturelles (CAT-NAT) ne représente actuellement que 0,8% du chiffre d'affaires total. Les assurances de la personne ne sont pas encore développées en Algérie. Si l'on comparaît le secteur des assurances par produit entre les pays du Maghreb, on s'apercevrait qu'entre l'Algérie et le Maroc il existe déjà un large fossé. La dépense moyenne en produits d'assurances s'élève à 467 euros au Maroc, alors qu'elle atteint à peine 20 euros en Algérie. L'assurance CAT-NAT (catastrophes naturelles), pourtant obligatoire, n'est pas encore entrée dans les mœurs, alors que l'assurance-vie n'est même pas à l'état d'embryon. En réalité, le secteur tout entier est soutenu par l'assurance automobile obligatoire et l'assurance des personnes qui progresse assez vite (13,6%) à cause essentiellement des assurances de groupes et de l'assurance exigée pour l'obtention d'un crédit bancaire. En l'absence d'obligation légale dans ce domaine, le patrimoine immobilier reste l'un des parents pauvres de l'assurance algérienne : moins d'un logement sur dix est couvert par un contrat. La création récente, dans le sillage du séisme qui a touché la région d'Alger en 2003, d'une assurance obligatoire contre les catastrophes naturelles n'a pas permis à ce type de contrat de décoller significativement, selon le Conseil national des assurances. La branche des assurances de personnes (vie, décès, retraite, accident, maladie, etc.) a aujourd'hui une part insignifiante de l'activité des assureurs algériens, à peine 5% de parts de marché contre plus de 60% dans les économies avancées. C'est pourtant là où le potentiel de développement est le plus important. L'Algérien dépense en moyenne un dollar par an en assurance-vie, le Tunisien en dépense six et le Marocain plus de quinze. En matière de chiffres, la production du quatrième trimestre 2010 s'établirait à près de 20 milliards de dinars, selon les mêmes prévisions. Cette croissance «ralentie» (+13% en 2009), qui n'inclut pas la production de deux compagnies d'assurance (GAM et MAATEC) «s'explique par la baisse du chiffre d'affaires de l'assurance contre les incidents, accidents et risques divers (IARD) et le ralentissement de la production de la branche automobile », souligne la même source. Le marché algérien des assurances est composé de seize compagnies dont quatre publiques (CAAR, SAA, CAAT, CASH) qui représentent plus de 70% du portefeuille, deux publiques spécialisées dans l'assurance-crédit que sont la CAGEX (exportations) et la SGCI (immobilier), un réassureur public (CCR), deux mutuelles (CNMA, MAATEC) en plus de six assureurs privés étrangers représentant 23% de la production (CIAR, 2A, Trust, GAM, Salama et Al Rayan) et enfin d'un privé national (Alliance).