Comme le veut la tradition en pareille occasion, la représentation générale du spectacle « Koursi ouel Hakem » a été donnée, dimanche après-midi au Théâtre AE Alloula, devant une salle archicomble. Deuxième production de l'année à l'actif de l'institution théâtrale d'Oran, la pièce théâtrale « Koursi ouel hakem », fruit d'une adaptation collective d'après un texte de l'égyptien Essayed Echarbaji et mise en scène par Gharbi Khaled, aura laissé le public oranais sur sa faim. N'était l‘imposante et fonctionnelle scénographie, autrement plus éloquente que le texte, signée Abderrahmane Zaaboubi, et la révélation de jeunes et talentueux comédiens et comédiennes, le spectacle aurait été lamentablement fastidieux. Car c'est dans un austère et unique huis clos que sera convié le public tout au long du spectacle. L'action de la pièce est censée se dérouler dans un établissement carcéral, où aux bruits des bottes et des féroces injonctions des vigiles feront écho les longues lamentations, les cris et les crises d'hystéries des séquestrés pour de banals délits et victimes d'un système inique fondé sur la hogra, l'intimidation et la corruption. La scénographie conçue par Zaaboubi nous transpose dans une espèce d'espace carcéral assimilé à une piste de cirque où évolueront les personnages, les séquestrés pareils à des êtres déshumanisés et réduits à la condition de fauves en cage et leurs vigiles à d'impitoyables automates réglés pour proférer insultes et humiliations en direction de leurs « hôtes » et à leur subir le supplice. C'est dans cette obscure oubliette que le chef de gouvernement, lui-même arrêté et enfermé pour un banal malentendu, viendra expier sa faute en « visitant » les détenus pour se rendre compte des dérives du système répressif qu'il représente et libérer de lui-même les victimes de son aveuglement. Tel un deus ex machina, il fera preuve d'une grande commisération en « distribuant » la liberté à tous les prisonniers. Et cet incroyable conte philosophique se terminera par une happy- end qui se prolongera même lors de l'ultime présentation des comédiens.