A 24 heures de l'ouverture de la séance plénière, à l'Assemblée nationale, consacrée au débat autour du projet de loi modifiant le code pénal en vue de l'abrogation de l'article 144 bis qui punit les infractions d'outrage, injure ou diffamation, et à l'initiative d'un groupe de journalistes exerçant à Oran, une rencontre de travail et de concertation autour de la dépénalisation du délit de presse, ayant regroupé des députés d'Oran avec lesdits journalistes, a été organisée, hier matin, à l'Hôtel El Azhar. Lors de cette rencontre à laquelle ont assisté des représentants des deux chambre parlementaires, issus des partis FNA, FLN et MSP, et un juriste spécialiste en la matière, des propositions concrètes de proposition d'amendements à la copie actuelle du projet modifiant l'article 144 bis ont été élaborées et remises aux députés d'Oran pour les présenter officiellement et publiquement lors de la séance plénière. Parmi les amendements proposés, «le déclenchement de l'action publique ne peut avoir lieu qu'après avoir saisi officiellement le conseil de l'éthique de la presse, conformément aux législations en vigueur». S'agissant toujours de la dépénalisation, les journalistes ont proposé «l'annulation de l'emprisonnement et de l'amende dans les affaires de délit de presse et de transférer ces poursuites à l'action civile» aussi «le paiement des amendes doit répondre à un acte de solidarité au lieu d'être supporté uniquement par le journaliste». Notre collègue de Sawt al Gharb a proposé le durcissement des sanctions retenues contre toute personne accusée d'avoir humilié ou insulté, par le verbe ou par le geste, un journaliste pendant l'exercice de son travail. En effet, l'actuel copie du texte prévoit 10 jours d'emprisonnement et une amende allant de 1000 à 5000 Da à l'encontre des auteurs de ces outrages. «Cette disposition est en soi une atteinte à la dignité du journaliste» dira notre collègue qui propose une révision importante et non pas symbolique du montant de l'amende à payer. M. Latouf Ziad, un juriste ayant effectué de nombreuses études dans le domaine des textes régissant la diffamation en vigueur dans de nombreux pays européens, propose carrément une nouvelle conception de protection de la liberté d'expression dans notre pays. Selon ce juriste, notre constitution, appelée à être amendée dans un futur proche, doit garantir certains droits fondamentaux dont la liberté d'expression et non seulement les reconnaître. «C'est toute la différence entre reconnaître et garantir un droit par la constitution. L'Algérie a ratifié toutes les conventions et les chartes internationales et elle doit harmoniser ses législations avec ses engagements internationaux» précise-t-on. Sur un autre registre, et pour contrecarrer toute dérive pouvant résulter de l'immaturité, de l'irresponsabilité ou du manque d'expérience dans l'exercice de la profession, des journalistes participant à cette rencontre ont proposé que les pouvoirs de sanctions décidées contre les journalistes ou les organes de presse soient du ressort exclusif du Haut Conseil de l'Information, comme c'est le cas dans les pays de grande démocratie.