Il ne s'agit pas de cette mémoire qui n'a pas besoin de grand-chose pour habiter les Algériens surtout, qui la portent et qui savent ce qu'ils ont vécu et ce qu'ont vécu leurs aïeux, plus d'un siècle durant. Ils'agit de la mémoire récente, lorsque l'Algérie était en cessation de paiement,endettée à n'en plus pouvoir et déchirée par une crise interne insoutenable. Il n'y a pas si longtemps. Quelques années en arrière, tout au plus. En ces temps là, l'Algérie n'était pas « un marché intéressant » et ne disposait pas « du PIB par habitant le plus élevé d'Afrique du Nord et le quatrième du continent africain ». Elle était ce pays qui faisait partie des réfractaires à l'économie de marché, qui disposait de ressources naturelles fort convoitées et qui donnait des signes d'effondrement. Et Air France pouvait allègrement quitter le ciel algérien et appeler ses consœurs à faire de même. De quoi aider à l'ouvrage et cueillir les fruits, avec une belle revanche à la clé contre une indépendance mal digérée. Il y a encore plus récent encore, l'hystérie du « printemps arabe » a fait s'exciter les dirigeants français, qui dans leur « épopée » libyenne voyaient les prémices d'une « démocratisation » de l'Algérie, à leur façon et à travers leurs affidés, aux quels ils ont offert leur machine médiatique et leur appui diplomatique et le soutien de leurs alliés atlantistes. La ! Nil'islamisme armé, ni les « démocrates » à la petite semaine, n'ont puni faire un Afghanistan du pays, ni le plonger dans une guerre civile à la syrienne. Et loin du procès d'intention, ce sont là des faits et des attitudes avérées, que l'observateur le moins pointilleux a pu relever. Ainsi, les temps sont vraiment changé. En plus des facteurs d'instabilité qui se sont éloignés,il y a de la concurrence très féroce, qui n'augure rien de bon pour les petites affaires d'une économie qui n'en peut plus de se chercher un souffle, tant le monde de l'après Guerre-froide est transfiguré. Même les parrains, les Etats-Unis, sont en train de s'installer avec d'autres moyens que la certitude insensée de la « chasse-gardée ». M. Jean-Marc Ayrault, le premier ministre français, le sait bien qui souligne que la visite d'Etat du Président François Hollande « a ouvert une nouvelle page, en créant un climat qui permet de construire entre la France et l'Algérie un partenariat stratégique d'égal à égal, au service de nos deux peuples et, en particulier, de nos jeunesses ». Une façon de reconnaître que rien n'a été pour le mieux dans la démarche hostile d'une Françafrique gênée aux entournures par ce« partenaire » à la fois incontournable et empêcheur de tourner en rond. Reste à vérifier cette histoire d' « égalité » du partenariat, vis-à-vis de laquelle, au vue de la structure actuelle des échanges et des concessions algériennes à la libre-entreprise, il est permis de douter fortement. Ahmed Halfaoui