Al Arabiya, la chaîne des Saoud, nous montre des speakerines dans des tenues qui doivent faire trembler d'indignation les moutawas du royaume. Un vieil adage, bien de chez nous, dit que rien de ce qui se passe sous le soleil ne doit nous étonner. «Aïch t'chouf» (vis et tu en verras des choses), dit-il. Al Arabiya, la chaîne des Saoud, nous montre des speakerines dans des tenues qui doivent faire trembler d'indignation les moutawas du royaume. Un vieil adage, bien de chez nous, dit que rien de ce qui se passe sous le soleil ne doit nous étonner. «Aïch t'chouf» (vis et tu en verras des choses), dit-il. Et il se vérifie périodiquement, tant ce qui nous semblait immuable s'avère éphémère ou bien ce qui nous semblait incongru s'avère «normal». Dans ce sens, qui pouvait croire ou prédire que les monarchies du Golfe, dirigées par la plus conservatrice des dynasties, pouvaient être admises dans le cercle étroit des «grandes démocraties» et jouer les premiers rôles dans la «démocratisation» des «Arabes» ? Personne ou presque, si on tient compte des quelques esprits retors qui n'ont jamais cru à la notion de «monde libre» et qui raisonnent en termes plus sophistiqués de géostratégies basées sur les intérêts bien compris de la grande finance. Les «bonnes âmes» convaincues de la bonne foi de l'Occident «démocratique et civilisé» en seront quittes de conclure que les voies du droit international sont (comme celles du Seigneur) parfois impénétrables. Elles auront tout le temps de s'interroger, plus tard, sur le bien-fondé des «bombardements humanitaires», une fois qu'ils auront fait leur œuvre. Pour l'Irak, le petit Bush, ses compères et Tony Blair ont porté le chapeau des menteurs et des criminels, pas pour tout le monde, mais personne n'ose les défendre ou justifier leurs crimes contre les centaines de milliers d'Irakiens, pas plus que quelqu'un ait parlé de les traduire devant une cour pénale. Pas même les parents des milliers de soldats étatsuniens et britanniques morts pour un mensonge et pour de sordides intérêts qui engraissent les comptes des Cheney, Rumsfeld, Rice & co. En Libye, Kadhafi, le Saddam rêvé, offre le même prétexte de partir secourir le «peuple libyen», que personne n'a entendu, sauf des «représentants» dûment choisis par Bernard-Henri Lévy et exhibés par les chaînes «révolutionnaires» Al Jazeera, AlArabiya et consœurs occidentales. Pour les millions d'autres Libyens, qui n'habitent pas Benghazi et qui manifestent depuis des semaines, il n'y a pas d'images qui tiennent, tant que Kadhafi défile parmi eux. Les images de l'artisanale télévision libyenne étant «impossibles à authentifier», selon Euronews et autres chaînes d'information. Les autres, les leurs, le sont d'office. Mais, comme Tripoli et autres villes «pro» le «Guide» ne les intéressent pas, nous n'aurons pas des bains de foule «authentifiés». Resteront le doute, le discrédit et la possibilité d'un «sosie» qui, de toutes les façons, se paie des bains de foule. Euronews ne s'attarde pas sur ce détail qui fait que la foule, même si elle entoure la copie, croit tout de même que c'est l'original. Ce qui fait que l'effet officiellement recherché de «démocratiser» est loin d'être obtenu. Au mieux, qui sera le pire, le pays sera plongé dans une atroce guerre civile ou soumis à un régime d'exception, tel que Kadhafi passera, et il passe déjà, pour le symbole de la dignité, de la paix et de la liberté pour une population censurée, par la plus formidable machine de désinformation que le monde a connue. Ahmed Halfaoui