Un sit-in en soutien à Abdelkader Kherba, actuellement en détention à la prison de Serkadji pour « incitation directe à attroupement », et dont le procès s'est ouvert ce jeudi à Alger, a été dispersé avec violence par les forces de l'ordre. Par ailleurs, des militants et des élus, dont Hakim Addad, candidat aux législatives pour le Front des Forces Socialistes, qui tentaient d'accéder à l'audience, ont été arrêtés puis répartis dans plusieurs commissariats de la capitale. Trois ans de prison. C'est la peine requise par le Procureur de la République dans le procès, ouvert ce jeudi, d'Abdelkader Kharba, membre du Comité National pour la Défense des Droits des Chômeurs (CNDDC) et la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l'Homme (LADDH). Arrêté le 18 avril dernier pour avoir assister à une manifestation de chômeurs devant l'édifice des tribunaux à Sidi Mohamed, il est accusé d' « incitation directe à attroupement ». Le jeune militant, en signe de protestation, observe depuis son arrestation une grève de la faim. Alors que les forces de l'ordre mettaient un terme à un sit-in de soutien à Abdelkader Kharba, des militants réunis devant le Palais de justice à Alger ont été arrêtés après avoir tenté d'accéder à l'audience. C'est le cas de Hakim Addad, secrétaire national chargé de la coordination avec les mouvements sociaux et candidat du Front des Forces Socialistes (FFS) aux élections législatives du 10 mai. « J'ai été arrêté au moment où j'entrais dans la salle d'audience pour assister au procès d'Abdelkader Kharba », a déclaré à Afrik.com Hakim Haddad depuis le commissariat où il est détenu. « Un policier m'a violemment agrippé l'épaule et m'a demandé de lui présenter mes papiers d'identité ». Le candidat FFS dénonce une tentative d'intimidation. « Ce procès est invraisemblable et la peine de trois ans de prison requise par le Procureur est inacceptable. Il semble clair que certains essaient de faire taire les récalcitrants », déplore-t-il. « Ils pensent pouvoir nous calmer en agissant ainsi, mais c'est tout le contraire qui risque de se produire », a ajouté Hakim Addad qui affirme ne pas comprendre les raisons qui ont poussé à son arrestation. « J'étais venu assister au procès en tant que citoyen lambda ». « Je pose la question en tant qu'élu de la wilaya d'Alger et candidat aux élections législatives, et ce, à commencer par le chef de l'Etat : où est passée la liberté d'expression et de manifester en Algérie ? Contrairement à ce que certains veulent montrer, la liberté des Algériens est bafouée ! », a-t-il lancé tout en condamnant les actes de violence à l'égard des militants. Plusieurs associations, dont l'ONG Front Line Defenders, demandent la « libération immédiate et sans condition » de Kherba Abdelkader et l'abandon de toutes les charges qui pèsent sur lui, qui semblent être motivés « uniquement par son travail légitime et pacifique en défense des droits humains ». Elles demandent également à ce que les défenseurs des droits humains en Algérie, soient en mesure d'exercer leurs activités « légitimes de défense des droits humains (…) sans restrictions ni représailles » et sans harcèlement judiciaire.