Le régime libyen poursuivait dimanche sa contre-offensive en vue de reprendre les villes de l'est du pays contrôlées par les opposants au guide libyen, le colonel Maamar El-Gueddafi qui a demandé l'envoi d'une commission d'enquête internationale pour "voir de visu", la réalité qui prévaut sur le terrain. Au 20e jour d'une révolte sans précédent contre le régime en place, les forces armées loyales à El-Gueddafi ont affirmé avoir reconquis les villes de Ras Lanouf, de Tobrouk (est) et de Misrata (ouest). Cette information, donnée par la télévision d'Etat, a été immédiatement démentie par l'opposition. En revanche, des combats ont forcé les opposants à se retirer de Ben Jawad, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Ras Lanouf et d'où ils avaient espéré avancer jusqu'à Syrte, ville située à une centaine de kilomètres plus à l'ouest, selon des correspondants. Selon une source médicale, ces combats ont fait deux morts et une trentaine de blessés. Ces nouvelles victimes viennent s'ajouter à la mort la veille de sept personnes lorsque les forces pro-régime avaient mené une "importante" contre-offensive à Zawiyah, à 60 km à l'ouest de Tripoli. Devant la confusion qui règne en Libye, le colonel Maamar El-Gueddafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, a demandé qu'une commission d'enquête des Nations unies ou de l'Union africaine (UA) se rende en Libye pour voir de visu, la réalité qui prévaut sur le terrain. "Nous allons permettre à cette commission d'aller sur le terrain, sans aucune entrave", a déclaré le guide libyen dans une interview accordée au Journal du dimanche (JDD). "Je veux qu'on comprenne une chose. Le régime libyen va bien. Il est stable. Si on le menace, si on le déstabilise, on ira vers la confusion, vers des groupuscules armés. Voilà ce qui va arriver et des milliers de gens iront envahir l'Europe depuis la Libye et plus personne ne pourra arrêter cette immigration", a averti El-Gueddafi, visé par des sanctions internationales sévères pour avoir réprimé les manifestants. De son côté l'opposition, continue de s'organiser. Le "Conseil national de transition", créé le 27 février, s'est réuni samedi pour la première fois et s'est déclaré "le seul représentant de la Libye". La France a salué ce Conseil national, apportant son "soutien aux principes qui l'animent et aux objectifs qu'il s'assigne". Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a cependant estimé qu'une intervention militaire aurait des "effets négatifs" et s'est prononcé en faveur d'une zone d'interdiction aérienne pour empêcher les bombardements. Londres a, pour sa part, confirmé qu'une "petite équipe diplomatique" britannique se trouvait à Benghazi (est), fief de l'opposition, tandis qu'aux Nations unies, des diplomates ont annoncé dimanche que la commission des sanctions sur la Libye tiendrait sa première réunion "dans les prochains jours" et serait présidée par le Portugal. L'Union européenne (UE) a, quant à elle, dépêché dimanche une équipe à Tripoli pour évaluer sur place les besoins humanitaires, avant un sommet des dirigeants européens prévu vendredi pour examiner la situation en Libye. Selon la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, cette équipe, dirigée par l'Italien Agostino Miozzo, un haut-fonctionnaire du service diplomatique de l'UE chargé de coordonner la réponse aux situations de crise, a pour but de recueillir des "informations de première main" censées "alimenter les discussions" des chefs d'Etat et de gouvernement des 27 lors du sommet de Bruxelles. L'objectif de la première mission internationale de ce type en Libye depuis le début des troubles, sera également d'"évaluer les efforts humanitaires et d'évacuation sur le terrain, en Libye, pour faire le bilan de ce qui peut être nécessaire en termes de soutien supplémentaires", a ajouté Mme Ashton. Par ailleurs, les troubles qui ont éclaté le 15 février dernier en Libye par des manifestations anti-régime qui ont dégénéré par la suite en violences entre partisans et opposants au guide libyen, continuent de faire fuir les ressortissants étrangers établis dans ce pays. Ainsi, la Jordanie a évacué plus d'un tiers de ses ressortissants de Libye depuis le début de la révolte contre le régime en place, selon l'ambassadeur de Jordanie à Tripoli, Munther Qaba qui a précisé qu'environ 9.000 Jordaniens vivaient en Libye avant le début de la contestation. A ce jour, plus de 191.000 personnes ont fui les violences et environ 10.000 personnes déplacées se dirigeaient vers la frontière égyptienne, selon l'ONU. Le Royaume-Uni, qui a déjà évacué vers Le Caire plus de 6.000 Egyptiens réfugiés à la frontière tunisienne, a annoncé dimanche qu'il allait rapatrier 500 Bangladais ayant fui les troubles en Libye.