Des musulmans et des personnalités de divers horizons associatifs et politiques ont énergiquement réagi lundi contre le débat annoncé pour avril sur l'Islam en France, à l'initiative du parti présidentiel, l'UMP. Sous le slogan "Non à un Islam bouc émissaire", des responsables religieux, des élus de divers partis politiques, des personnalités de la société civile, des organisations laïques ainsi que des associations de banlieues disent, dans un communiqué commun, rejeter ce débat "stigmatisant encore une fois l'Islam". Ils comptent, lors d'une rencontre prévue jeudi à la Mosquée de Paris, déterminer les moyens et les actions à mettre en place afin de "dénoncer ce débat et de lutter contre les discriminations et la stigmatisation récurrente des Français musulmans". "Cette initiative citoyenne qui s'inscrit dans une démarche de dignité, a pour objectif principal d'envoyer un message d'union et de fermeté en direction de ceux qui veulent instrumentaliser l'Islam, à l'approche d'échéances électorales importantes", écrivent les auteurs de cet appel. Initiée principalement par la Fédération nationale de la Grande mosquée de Paris, le Conseil des démocrates musulmans de France et le Collectif Banlieues Respect, cette action vise aussi, à "rassembler la communauté musulmane, comprenant des pratiquants et des non pratiquants+, partisans du mieux +vivre ensemble+". Contacté par l'APS, un représentant de la Fédération nationale de la Grande mosquée de Paris a affirmé que cette initiative intervient suite aux dernières déclarations du secrétaire général de l'UMP, Jean-François Coppé, sur le prêche musulman en Français. "Ces déclarations représentent la goutte qui fait déborder le vase. Nous constatons, à travers ce débat annoncé, comme une instrumentalisation de l'Islam à des fins politiques", a-t-il dit, signalant que cette réaction "n'est pas une initiative forcement religieuse, car impliquant des croyants et des non croyants, et est une manière de dire Basta au cours que le débat est en train de prendre". "Les messes des Chrétiens d'Orient sont dites tout logiquement en arabe, et ça n'a jamais dérangé. Pourquoi serait-il autrement avec l'Islam dont la langue d'expression est celle du Coran, l'arabe", s'est interrogé le représentant de la Fédération de la Grande mosquée de Paris. Vendredi, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, avait déclaré que la Khutba (prêche) fait partie intégrante de la liturgie solennelle musulmane en langue arabe (langue du Coran) le jour du vendredi dans les mosquées, affirmant être "étonné" par les déclarations de Coppé.