L'intervention militaire de la coalition occidentale contre la Libye a suscité beaucoup d'interrogations et de craintes sur les motivations réelles de cette guerre qui rappelle à bien des égards celle menée contre l'Irak il y a huit ans. Après l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU autorisant l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, la coalition internationale a lancé son opération samedi, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni menant des raids aériens et tirant plus de 100 missiles de croisière Tomahawk sur des objectifs en Libye. Pour d'aucuns, notamment dans les milieux médiatiques, les frappes de la coalition occidentale contre les forces du régime du colonel Maamar El Gueddafi ont pour motif "le pétrole libyen" tout en relevant les "relents politiques et coloniaux des coalisés". Cette intervention constitue aussi "une menace pour la région", qui risque de devenir "une zone de tension et une base avancée pour les forces occidentales". Ces appréhensions ont été relevées par les médias, notamment la presse nationale. Sous le titre "Redresseurs de torts, à tort...", le commentateur d'ElWatan écrit que "et comme dans toutes les décisions, il y a toujours une part d'injustice et des dommages collatéraux. Et comme souvent, ils sont commis par les mêmes Américains autoproclamés redresseurs de torts, à tort d'ailleurs". "C'est pour cela que la diplomatie américaine et son machin des Nations unies sont iniques. Ce cocktail d'injustices produit aussi des Shebab et des Qaida", conclut le commentateur. Le quotidien d'Oran, s'interroge pour sa part sur la politique de deux poids deux mesure des gouvernements occidentaux en faveur d'Israel. "Pourquoi délivrent-ils des satisfecit au gouvernement israélien en le faisant admettre à l'OCDE, en réhaussant son statut de pays associé à l'Union européenne, alors même qu'il continue sa politique d'assassinat, de colonisation d'étranglement et de bouclage". Pour le journal, la vérité de cette nouvelle intervention est de créer "un cordon sanitaire autour des pétromonarchies du Golfe dont la chute éventuelle aurait des conséquences bien plus importantes que celle d'un satrape tel que El Gueddafi". Quelles perspectives et où va le monde arabe, s'interroge le quotidien Liberté, faisant remarquer que "Ce qui est certain, en revanche, c'est que le printemps arabe a fait oublier le temps d'une révolte, les exactions de l'armée israélienne et la poursuite de sa politique de colonisation tout comme il met entre parenthèses l'anti-américanisme ambiant dans la région. Dans un éditorial titré "Quand le pétrole se mélange au sang libyen", le quotidien El Khabar, fait état de "divergences internationales qui sont le résultat d'une course à l'appropriation du pétrole libyen", avec Paris qui "se réserve la part du lion"."La vrai guerre, est celle du pétrole. Le peuple libyen n'a rien à y faire", écrit le journal. Sous le titre "La guerre à nos frontières", Algérie News, estime que la Libye est comme au début de l'insurrection coupée en deux. Et cette scission (...) peut perdurer et se transformer en fait géopolitique durable comme en Irak". Pour le quotidien El Massa, la France "attaque la Libye pour son pétrole" alors que Akhir Saa et Enasr estiment que "la France occupe la Libye". Sous le titre "L'escalade", l'éditorialiste de l'Authentique considère que cette nouvelle guerre contre la Libye sonne comme "un moment de vérité intense qui se profile avec cette ingérence étrangère". Cette nouvelle guerre contre un pays arabe et musulman, ne fait pas l'unanimité même aux Etats-Unis, où des milliers de personnes ont participé samedi à une marche sur l'Avenue Michigan de Chicago pour protester contre l'intervention américaine en Libye. "Nous devons arrêter la machine de guerre. Nous sommes dans la rue pour faire savoir à tout le monde que nous ne voulons plus la guerre", ont affirmé les manifestants. "Laissez l'argent aux soins médicaux, emplois, écoles, pas à la guerre", ont scandé d'autres manifestants.