Le crise politique au Yémen est au menu de deux réunions mardi du Conseil de sécurité de l'ONU et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) dans le cadre des efforts en vue de trouver une solution à l'impasse dans ce pays où se poursuit le mouvement de contestation populaire réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh. Ces deux réunions interviennent alors que les manifestations anti-gouvernementales se poursuivaient toujours au Yémen, marquées par des heurts entre protestataires et forces de l'ordre ou avec des partisans du régime. La réunion du Conseil de sécurité est la première du genre consacrée au Yémen. Proposée par l'Allemagne, cette réunion doit aborder la situation actuelle dans ce pays où le mouvement de protestation qui se poursuit depuis janvier dernier réclame le départ du président Saleh, alors que le gouvernement affirme que tout transfert de pouvoir dans le pays devrait s'effectuer par des voix légales et conformes à la Constitution. "C'est un signe de l'attention grandissante dont fait l'objet le Yémen après l'Egypte, la Tunisie et la Libye", a commenté un diplomate aux Nations unies, cité par des médias. D'autre part, les ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui mène une médiation dans pour le règlement de la crise yéménite, doivent également se réunir dans la journée avec des représentants du gouvernement yéménite à Abou Dhabi. Dans un communiqué publié lundi soir, le CCG a indiqué qu'"Abou Dhabi accueillera mardi une réunion extraordinaire de ses ministres des Affaires étrangères pendant laquelle ils rencontreront une délégation du gouvernement yéménite". La composition de la du CCG pour tenter d'aboutir à une issue à la crise au Yémen, en tentant de renouer le dialogue entre l'opposition et le gouvernement. Les chefs de diplomatie du CCG s'étaient déjà réunis dimanche à Ryadh, en Arabie saoudite, avec la participation et des délégations du gouvernement et de l'opposition yéménite. A l'issue de leur réunion, les ministres du CCG ont indiqué dans un communiqué avoir convenu avec la délégation de l'opposition de "poursuivre à l'avenir le dialogue et les consultations". L'opposition parlementaire yéménite a affirmé son attachement à la médiation des pays du Golfe et insisté sur un départ du président Saleh pour sortir de la crise. "Nous exigeons l'abdication" du président Saleh, avait souligné Sultane al-Atwani, du Parti unioniste nassérien. Alors que l'opposition se durcit de plus en plus, en ralliant notamment d'autres voix discordantes parmi le camp du président Saleh, des dissidents du parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), ont créé un nouveau parti politique dénommé le "Bloc de la Justice et de l'Edification". L'opposition s'est félicitée de la création de ce nouveau parti, accueillie comme "un soutien à la révolte pacifique pour le changement". La nouvelle formation politique est composée notamment des ministres (Nabil Al-Faqih (Tourisme), Mme Houda al-Baan (Droits de l'Homme) et Khaled al-Wazir (Transports) ainsi que d'ex-dirigeants du CPG, dont un membre du bureau politique, Mohamed Abou Louhoum, et d'anciens députés, ayant quitté le CPG. Les membres de cette nouvelle formation ont appelé "à un changement de régime" et "au départ immédiat" du président Ali Abdellah Salah, au pouvoir depuis 32 ans. En réaction, un responsable du parti présidentiel a assuré que cette nouvelle formation qui a vu le jour n'aura "n'aura aucun effet sur le CPG", en l'accusant d'être "un groupe d'éléments corrompus". Face aux appels réclamant le départ du régime, le président de la direction de l'information du CPG, Tarek Echami a réaffirmé l'exigence du gouvernement yéménite à ce que tout transfert de pouvoir dans le pays devrait s'effectuer par des voix légales et conformes à la Constitution. "Le Yémen possède une constitution approuvée par le peuple, et tout transfert de pouvoir doit se faire dans le cadre de cette Constitution", a-t-il souligné, ajoutant que le gouvernement refuse que la minorité dicte sa conduite à la majorité et rejette toute les tentatives de déstabilisation. Sur le terrain, es manifestations anti-gouvernementales se poursuivaient toujours mardi au Yémen, marquées par des heurts entre protestataires et forces de l'ordre ou avec des partisans du régime. Une personne a été tuée et plusieurs autres ont été blessées et arrêtées lors d'une manifestation hostile au régime à Taëz au sud de la capitale Sanaa, ont rapporté des médias, citant des témoins et des sources médicales. Selon ces sources, les forces de sécurité ont ouvert le feu pour disperser les protestataires dans le quartier de Wadi al-Qadhi à Taëz. Plusieurs personnes ont été blessées alors que quatre autres, dont un photographe d'un journal local, ont été arrêtées, selon les organisateurs de la manifestation.