ORAN - Les craintes de pollution affichées par les partisans de la protection de la grande Sebkha d'Oran, se sont dissipées lorsque cette zone humide, classée site mondial par la convention "Ramsar" a bénéficié d'opérations d'aménagement s'étalant sur plusieurs années, dans le cadre d'une vision globale. Tous les secteurs sont appelés à y contribuer. Ces projets se sont traduits par la réalisation d'une première station de traitement des eaux usées au contrebas d'El Kerma (Oran), pour la protection de l'environnement et la mise en valeur des terres agricoles. Les eaux sont traitées pour usage d'irrigation, des métiers d'agriculture seront créés et des activités économiques au sud du bassin de la Sebkha encouragés, selon l'agence de Bassin hydrographique d'Oranie "Chott Chergui". Ce site s'est en effet débarrassé des eaux usées provenant du groupement urbain d'Oran (Oran, Bir el Djir, Es-Senia et Sidi Chahmi), avec l'entrée en service de cette station il y a trois ans. Cette infrastructure traite actuellement environ 80.000 mètres cubes d'eaux usées par jour, alors que sa capacité est estimée à 270.000 m3/j, selon la direction de l'hydraulique. Les eaux traitées sont déversées dans ce lac salé, faisant partie du bassin versant de la grande Sebkha étalée sur une superficie de 2.275 m2 comprenant les wilayas d'Oran, Sidi Bel-Abbes et Ain Temouchent, selon la même source. Il est à noter que cet ouvrage fait partie de dix neuf opérations inscrites dans le cadre d'une étude relative à l'aménagement intégré de la Grande Sebkha, basée sur des propositions présentées par l'Agence précitée, tout comme la réalisation d'un centre d'enfouissement technique (CET) et la réutilisation des eaux usées à des fins agricoles et la création de zones de métiers agricoles. Les protecteurs de l'environnement misent énormément sur l'accélération de la réception du CET de Hassi Bounif, qui revêt une grande importance dans le domaine de la protection de la Grande Sebkha, devenue un dépotoir, comme l'a souligné un chercheur sur les zones humides d'Oran. Il a proposé la fermeture de la décharge publique d'El Kerma, devenue un risque pour cette zone humide, d'autant plus qu'elle est incompatible avec la volonté exprimée pour la protection du milieu naturel de la Sebkha. L'exploitation des eaux usées dans la plaine de Mléta, un pari pour la relance économique Le projet de réalisation d'un réseau d'irrigation de la plaine "Mléta" au sud de la commune de Tafraoui, à partir de la station de traitement des eaux usées d'El Kerma, imprègnera un bond qualitatif au développement de la céréaliculture et de l'arboriculture fruitière et permettra une relance économique pour les huit communes qui entourent la Sebkha, selon un responsable à la direction des services agricoles (DSA). Cette opération permettra l'utilisation des eaux traitées dans l'irrigation de 8.100 hectares de terres agricoles. Les travaux de la première tranche de ce projet ciblant une superficie de 5.100 ha seront lancés cette année, après l'achèvement de l'étude. La deuxième tranche touchera 3.000 ha, selon un responsable de la direction de l'hydraulique, qui a indiqué que ce projet fait partie des opérations d'aménagement de la Sebkha, supervisées par l'Office national d'assainissement (ONA). Un cadre en agriculture a estimé que les techniques d'irrigation utilisées, comme le goutte à goutte, seront les plus adoptées pour l'amélioration de l'efficacité du système de distribution d'eau permettant, à l'avenir, l'extension des terres irriguées, en fonction des ressources hydriques disponibles actuellement. Il est à noter que le bassin de la Sebkha comporte 30.000 ha de surface cultivable dont 10.000 ha irrigable et 20.000 ha à irriguer à l'avenir. L'engouement des agriculteurs était faible au moment du lancement de ce projet, car la plupart d'entre eux n'avaient pas accepté l'idée d'irriguer leurs terres par les eaux usées traitées, selon les propos d'un fellah qui active dans une exploitation agricole à la plaine de "Mléta". Grâce aux campagnes de sensibilisation lancées cette année par le comité chargé du projet, les agriculteurs ont fini par adopter cette expérience, qui s'inscrit dans le cadre d'une stratégie de gestion rationnelle des eaux pour le secteur agricole. D'autre part, ce projet permettra la création d'exploitations agricoles d'élevage de vaches laitières, ce qui va augmenter la production du lait cru et la réduction de la facture d'importation du lait en poudre, selon la DSA. Un chercheur d'un laboratoire spécialisé d'Oran en convention avec la direction des services agricoles estime qu'il est possible d'utiliser les eaux usées dans l'irrigation de la récolte du maïs, considéré comme un aliment riche pour les bovins et d'exploiter la terre extraite des eaux usées comme engrais. La Sebkha, un espace de promotion de l'écotourisme D'autre part, l'aménagement de la Grande Sebkha, qui occupe le 1/6e de la superficie du territoire de la wilaya d'Oran, donnera une impulsion au tourisme et lancera l'écotourisme de ce vaste site naturel abritant des différentes espèces d'oiseaux migrateurs dont le flamant rose qui s'est éclipsé cette année à cause de la faible pluviométrie. Plus de 2.710 oiseaux migrateurs ont été recensés cette année au niveau de ce lac salé, considéré comme un lieu privilégié pour ornitologues, selon le conservateur des forêts de la wilaya d'Oran. La concrétisation de toutes les opérations inscrites dans l'étude précitée permettra, sans doute, de développer cette zone susceptible d'attirer les touristes et les amateurs de la nature et des zones humides, a déclaré un citoyen de la commune d'El Kerma dont les habitants croient à l'extension de la Sebkha, alors que les recherches scientifiques prouvent le contraire, selon les propos d'un cadre de l'agence du Bassin Hydrographique de l'Oranie "Chott Chergui". Plusieurs amateurs de l'environnement et des zones humides portent un espoir sur l'intégration de cet espace riche et fragile, sur le plan écologique, comme projet pilote "d'aménagement des marées hydriques".