TLEMCEN - Des participants au colloque international sur Messali Hadj, dont les travaux se poursuivent dimanche à Tlemcen, ont estimé que la multiplication des thèses universitaires sur le mouvement national et le parcours politique de Messali Hadj, reflètent l'intérêt porté par les jeunes chercheurs à cette période de l'histoire de l'Algérie. Le directeur du Laboratoire des études historiques et civilisationnelles de l'université "Abou Bekr Belkaid" de Tlemcen, organisateur de cette rencontre scientifique, Dr Abdelhamid Hadjiat, a indiqué, à cet égard, qu'un nombre important d'étudiants chercheurs activant au niveau des ateliers de ce laboratoire ont choisi des thèmes portant sur l'histoire du mouvement national, tout en signalant l'existence d'une équipe spécialisée dans ce domaine qui oeuvre à collecter toutes les informations, les témoignages et les documents relatifs à cette période. Dr Belkacimi de l'université d'Oran a souligné, pour sa part, que plusieurs doctorants ont opté pour des thèmes portant sur l'histoire contemporaine, contribuant ainsi à l'enrichissement de la bibliothèque universitaire en matière de thèses soutenues sur le mouvement national et le rôle de Messali Hadj. Toutefois cet engouement, qui ne rencontre aucune contrainte, doit obéir à une méthodologie basée sur la "rigueur scientifique" et "l'objectivité", loin de tout préjugé, pour que le travail soit académique et contribue efficacement à l'écriture de notre histoire contemporaine, a indiqué Dr Negadi Sidi Mohamed, chercheur en histoire à l'université de Tlemcen. Le même conférencier a souligné l'importance de se démarquer des divergences idéologiques en se basant sur la recherche des faits historiques. A propos des divergences qui ont secoué les rangs du mouvement national, M. Sidi Moussa Nedjib, chercheur en France, a, dans une communication intitulée "14 juillet 1954 : l'extraordinaire congrès du MTLD", rappelé cette rencontre tenue par Messali Hadj à Hornu (Belgique), pour laquelle il n'avait convié que ses partisans dans le but " d"exclure les membres du comité central qui se sont opposés à lui pour une présidence à vie du parti". Selon le même conférencier, ce congrès a constitué une amorce de conflits et de divisions entre les messalistes et les centralistes, marquée par des échanges d'accusations par presse interposée, à savoir "Algérie libre" des messalistes et "La nation algérienne" des centralistes. Dans le même contexte, Dr Belaid Rabah de l'université d'Alger, a abordé ce conflit et ses conséquences qui ont abouti à la tenue d'un congrès national en Algérie, par les exclus du parti qui ont décidé d'exclure à leur tour Messali Hadj de sa présidence et affirmer qu'ils représentent la seule autorité politique. Cette dissidence a donné naissance à un troisième courant prônant une "action révolutionnaire et militaire immédiate". En dépit de ces dissidences, Messali Hadj est resté "le père du mouvement national", a souligné Dr Belkacimi de l'université d'Oran. De son côté, Dr Abdelmadjid Boudjella a mis en exergue le rôle du leader du parti de l'Etoile nord africaine (ENA) au sein du peuple, afin d'éveiller la conscience nationale pour mener la lutte et revendiquer le droit à l'indépendance de l'Algérie. Dr Megnounif Chaib de l'université de Tlemcen a évoqué la position de Messali Hadj, rejetant catégoriquement l'idée d'intégration, proposée par le projet de loi Blum-Violette, visant à accorder certaines réformes et le statut de citoyen français uniquement aux élites. Ce colloque de deux jours, organisé sous le slogan "Cette terre n'est pas à vendre", à l'initiative de l'association des anciens élèves des collèges et lycées de Tlemcen (Ecolymet), marqué par la participation d'enseignants et chercheurs d'Algérie et de France, commémore le 75ème anniversaire du discours historique prononcé par Messali Hadj le 2 août 1936 à Alger. La transmission des savoirs accumulés sur l'histoire de l'Algérie est primordiale TLEMCEN - L'universitaire et historien français Benjamin Stora a mis en exergue, dimanche à Tlemcen, la transmission aux nouvelles générations des connaissances accumulées sur l'histoire de l'Algérie. "La transmission aux nouvelles générations des connaissances accumulées sur les plans académique, scientifique, politique et culturel autour de l'histoire de l'Algérie est primordiale. Ceci doit se faire par le biais de tous les supports comme les manuels scolaires, les ouvrages historiques, les biographies, les productions cinématographiques, les documentaires et toutes les créations intellectuelles ou artistiques", a-t-il souligné. Intervenant au colloque international de Tlemcen dédié à Messali Hadj, le conférencier est longuement revenu sur la portée historique et politique du discours prononcé par Messali Hadj, le 2 août 1936 au stade municipal d'Alger, dans le cadre de la tenue du Congrès musulman regroupant tous les courants politiques de l'époque. Benjamin Stora s'est intéressé "aux retours de mémoires" autour de cette figure du mouvement national algérien. Pour lui, le discours du 2 juin 1936, marque "le déplacement de l'Etoile nord-africaine, née en 1926 en France, vers l'Algérie. Il ne s'agit pas seulement d'un déplacement géographique de ce parti nationaliste mais surtout un déplacement politique et une rupture des Algériens avec l'ordre colonial". Pour l'orateur, ce discours a annoncé "l'irruption des masses populaires algériennes dans le débat politique, dominé jusque là par les différentes élites", et la référence à la terre témoigne de "la volonté de reprendre en main le processus de dépossession foncière". "Ce geste a fortement résonné dans les esprits de la population algérienne et a permis de faire connaître la personnalité de ce leader politique", a-t-il ajouté. Ce spécialiste de l'histoire de l'Algérie contemporaine a également retracé le long chemin traversé, depuis le recouvrement de l'indépendance nationale, pour aboutir à la "mise en lumière" d'illustres personnalités politiques nationales "victimes de l'effacement institutionnel". "Nous sommes passés de la période de la connaissance de ces personnalités à celle de leur reconnaissance", a-t-il précisé. Pour sa part, l'historien Omar Carlier, auteur de nombreux ouvrages sur le parti ENA, a longuement débattu de "Messali Hadj et des figures du leadership charismatique au Maghreb". Le conférencier a estimé que le fondateur de l'ENA, du PPA et du MTLD est un "zaïm" dans le sens positif du terme, puisque "le zaïm est l'homme qui apporte des changements majeurs dans les rapports sociaux avec son peuple", a-t-il déclaré. Dans ce contexte, il a établi des parallèles avec les personnalités charismatiques qui ont marqué les pays sous domination coloniale de l'époque, comme les Saad Zaghloul, Nehru, Ghandi et bien d'autres. L'ancien secrétaire général de la Fédération française de l'éducation nationale (FEN), Jean Paul Roux a apporté son témoignage au sujet des prises de position anti-colonialistes de son syndicat et son soutien à la cause algérienne bien avant le déclenchement de la guerre de libération nationale. Tout en mettant en exergue la place de l'engagement de la FEN en faveur de la cause algérienne, il a estimé nécessaire une écriture commune de l'histoire des relations algéro-françaises "d'une manière scientifique et sans passion".