C'est dans une ambiance d'euphorie nationaliste que s'est ouvert hier à l'auditorium de la faculté de médecine de l'université Abou-Bekr-Belkaïd le colloque international dédié à la mémoire du père du nationalisme Messali Hadj (1898-1974) organisé en commémoration du 75e anniversaire de son fameux discours prononcé le 2 août 1936 au stade municipal d'Alger où, sous le drapeau national arboré pour la première fois, il avait notamment déclaré devant des milliers de personnes ainsi que des membres du parti communiste français : “Cette terre bénie qui est la nôtre, cette terre de la baraka n'est pas à vendre, ni à marchander, ni à rattacher à personne. Cette terre a ses enfants, ses héritiers, ils sont là vivants et ne veulent la donner à personne.” Environ cinq cent personnes, dont certaines venues de plusieurs régions du pays, ont répondu à l'appel de l'Association des anciens élèves des collèges et lycées de Tlemcen (Ecolymet) et le laboratoire de recherche et d'études civilisationnelles, initiateurs de ce colloque intitulé “Cette terre n'est pas à vendre” marqué par une vingtaine de communications ayant trait au parcours et au combat mené durant toute une vie par le leader du parti du peuple algérien (actuellement interdit et pour lequel, à la faveur de la nouvelle loi sur les partis, des voix s'élèvent çà et là pour sa réhabilitation). Avant le début de cette rencontre scientifique, deux lettres émanant des ministres de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, et de la Santé publique, Djamel Ould-Abbès, ont été lues publiquement, dans lesquelles les auteurs s'excusent de ne pas pouvoir participer au colloque et souhaitent pleins succès aux travaux. La fille de Messali Hadj, Mme Benkelfat Djanina, venue spécialement du Canada pour rehausser de sa présence l'évènement, a déclaré à Liberté : “Vous savez, pour moi c'est un grand début parce que c'est un peu ghettoïsé à Tlemcen et c'est dommage. Mais c'est quand même un grand prestige, je pense pour Tlemcen. Je vois cela plutôt sur un plan national et cela mérite pour le prochain, s'il y a une autre initiative de ce genre, un grand séminaire plus important que celui-ci à Alger. Nous avons des chercheurs aux Etats-Unis, au Canada et ailleurs et leur contribution sera d'un grand apport pour connaître encore davantage sur les grands moments de la vie et de l'œuvre de Messali Hadj.” Présidente d'honneur du colloque, elle doit présenter dimanche une communication sur “la genèse de la réinsertion de Messali Hadj dans le processus historique où la réécriture de l'histoire de l'Algérie”. Dans son allocution d'ouverture, elle a déclaré que “cette terre n'est pas à vendre”, le thème du colloque n'est pas un slogan publicitaire. C'est une phrase des nombreux discours du grand patriote Messali Hadj qui a été le premier à revendiquer l'indépendance de l'Algérie et a réussi à fissurer l'écueil colonial. Son discours du 2 août 1936 n'a jamais été commémoré, mais demeure la mémoire essentielle. Elle a évoqué les noms de certains compagnons de lutte de Messali Hadj comme Mohamed Guenanèche, Boumediene Marouf, Mohamed Mamchaoui, Mustapha Berrezoug, Abdelkrim Bénosmane qui avaient 20 ans à cette époque et qui demeurent inconnus de la génération actuelle. Le professeur Mohamed Harbi, auteur de nombreux ouvrages sur le mouvement national, a présenté une communication sur “la notion de peuple dans le messalisme” et mis en valeur la notion d'intelligentsia soulignant que “Messali Hadj lui-même, par ses origines sociales et son expérience politique, était considéré comme un homme du peuple et c'est comme cela qu'il était perçu par les intellectuels de l'époque”. Concernant le discours de 1936, il dira qu'“il s'agit là d'un geste fondateur et c'est la première fois que l'on peut parler d'un discours de tribune tenu en présence de nombreux ulémas qui ont été les premiers à définir la notion de nation en référence aux travaux de Tewfik El-Madani”. Le professeur Harbi a aussi abordé les questions des dissensions au sein du mouvement de Messali Hadj et a indiqué que c'est dans les années 40/50 que le PPA/MTLD va davantage s'aguerrir et investir la scène publique.