ALGER - Les ministres des Finances de la Ligue arabe se réunissent, samedi au Caire, pour discuter d'éventuelles sanctions économiques contre la Syrie, après l'absence de réponse de Damas à la proposition de l'organisation panarabe d'envoyer des observateurs dans ce pays englué dans une crise meurtrière. Ces mesures devront être entérinées dimanche par les ministres des Affaires étrangères de la Ligue lors d'une réunion dans la capitale égyptienne à laquelle participera notamment le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu qui a confirmé vendredi la tenue d'une telle réunion. Selon le ministre turc, les chefs de diplomatie arabes se réuniront dimanche au Caire pour décider des suites à donner après l'expiration sans résultat de leur ultimatum, le deuxième en une semaine, sommant Damas d'accepter l'envoi d'observateurs. "Si la Syrie n'avait rien à cacher, on aurait pu s'attendre à ce qu'elle dise oui à ces observateurs. Son silence renforce les inquiétudes sur la situation humanitaire et les soupçons sur ce qui se passe", a dit M. Davutoglu dont le pays a appelé au départ du président Bachar al-Assad, confronté depuis la mi-mars à un large mouvement de contestation. Au cours de leur réunion jeudi au Caire, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe avaient accordé au gouvernement syrien un délai de moins de 24 heures pour accepter l'envoi d'observateurs sous peine de sanctions. Cet ultimatum qualifié "de dernière et nouvelle chance", a expiré à 11H00 GMT, sans réponse de Damas qui continue d'attribuer les violences dans le pays à des "groupes terroristes". La Ligue arabe, qui a suspendu le 12 novembre la participation de Damas à ses réunions, avait déjà accordé un premier ultimatum sommant les autorités syriennes d'accepter son plan de sortie de crise qui prévoit notamment l'arrêt des violences dans le pays. Mais la Syrie a ignoré cet appel. Face à cette situation, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon s'est dit "prêt" à aider la Ligue arabe dans sa tentative de trouver une solution à la crise syrienne après une demande en ce sens de l'organisation panarabe, la première du genre, selon des diplomates. M. Ban est "très inquiet de l'escalade et du bilan croissant des morts" et il est prêt à aider la Ligue arabe, a déclaré son porte-parole. Par ailleurs, la Russie s'oppose toujours à toute sanction ou pression à l'égard de la Syrie, qui est déjà soumise à des sanctions économiques européennes et américaines en raison de la persistance des violences meurtrières dans le pays. "A ce stade, nous avons besoin non pas de résolutions, de sanctions ou de pressions, mais d'un dialogue inter-syrien", a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexandre Loukachevitch, interrogé par la télévision russe sur la position de Moscou concernant l'ultimatum de la Ligue arabe. M. Loukachevitch a, par ailleurs, réaffirmé que son pays était opposé à toute éventuelle intervention militaire contre Damas, estimant que "l'ingérence par la force dans les affaires syriennes est totalement inacceptable pour la Russie. "Les questions de droits de l'homme ne doivent pas servir de prétexte à une telle intervention", a-t-il ajouté. Sur le terrain, les troubles continuent de faire de nouvelles victimes dans plusieurs villes syriennes. Vendredi, de nouvelles manifestations hostiles au pouvoir en place ont eu lieu à travers le pays mais elles ont été dispersées par les forces de l'ordre faisant six morts, selon des militants. De son côté, la télévision officielle syrienne a affirmé que les forces de sécurité avaient tué seize membres d'un "groupe terroriste" à Homs (centre), et arrêté des dizaines d'autres en saisissant une grande quantité d'armes, sans préciser la date de l'opération. Ce média a de nouveau affirmé que la Syrie était "confrontée à un terrorisme organisé de la part de groupes qui reçoivent des armes de plusieurs pays de la région et occidentaux, afin de faire couler le sang des Syriens, peuple et armée, et de nuire à la sécurité et la stabilité du pays". L'agence de presse syrienne Sana a, pour sa part, fait état d'"immenses" manifestations de partisans du président al-Assad dans la capitale Damas et à Alep (nord). Par ailleurs, l'armée syrienne a reconnu vendredi que six de ses pilotes avaient été tués dans une attaque la veille dans le centre du pays, accusant des parties étrangères de soutenir les attentats "terroristes" en Syrie. "Une bande terroriste armée a assassiné six pilotes, un officier et trois sous-officiers du génie militaire travaillant sur une base aérienne", affirme le commandement de l'armée dans un communiqué reproduit par l'agence Sana.