Le 17e sommet ordinaire de la Ligue arabe, dont les travaux s'ouvriront demain à Alger, ne verra pas de révision des préalables à l'instauration d'une paix durable au Proche-Orient, posés en 2002 par les 22 Etats membres de l'organisation panarabe lors du sommet de Beyrouth. Le Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères a confirmé, hier, sa décision de maintenir ces conditions - connues sous le générique de « Plan de paix arabe » - et de les défendre auprès de la communauté internationale. En ce sens, la proposition jordanienne, qui préconisait une sorte d'assouplissement du plan arabe de paix, n'a pas fait long feu. Le Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères de la Ligue arabe a rejeté l'amendement préconisé par Oman, motivé par des impératifs d'« efficacité », dès le premier jour des travaux. Les chefs de la diplomatie arabes, qui ont préféré parler de « reformulation » plutôt que de « rejet » de la proposition jordanienne, ont expliqué leur décision en soulignant, notamment, le caractère « flou » de la demande de Damas. Face à l'intransigeance de ses homologues, le représentant jordanien n'a pas cherché à défendre la proposition émise par son pays. Devant les médias, Hani El Molki a d'ailleurs réitéré l'adhésion de Damas au Plan de paix arabe et a expliqué que la proposition de la Jordanie était destinée, uniquement, à « relancer » le processus de paix du Proche-Orient. Pour leur part, les ministres arabes des Affaires étrangères ont insisté sur l'idée qu'un règlement au rabais de la crise du Proche-Orient n'était pas acceptable. Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Nacer El-Qidwa, a affirmé, de son côté, qu'il y a un consensus arabe autour d'un projet de résolution relatif à l'activation de l'initiative arabe de paix. « Il n'y a pas de proposition de paix jordanienne, mais un projet de résolution pour l'activation de l'initiative arabe de paix. Nous sommes parvenus à un consensus arabe », a-t-il déclaré à l'issue des travaux de la première journée de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères. Le Plan de paix arabe, adopté à Beyrouth, sur proposition de Riyad, attend notamment d'Israël un retrait total des territoires arabes occupés, y compris du Golan syrien jusqu'à la ligne du 4 juin 1967, ainsi que des territoires encore occupés dans le sud du Liban et l'acceptation d'un Etat palestinien indépendant et souverain en Cisjordanie et Ghaza avec pour capitale El Qods. Les préalables des Arabes évoquent aussi une solution juste au problème des réfugiés palestiniens, conformément à la résolution 194 de l'Assemblée générale de l'Onu. C'est à ces conditions que les pays arabes pourraient, a fortiori, considérer que le conflit arabo-israélien a pris fin et développer des relations normales avec Israël dans le cadre de la paix globale. Par-delà le bref débat suscité par la « proposition jordanienne », le deuxième et dernier jour des travaux du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères préparatoire au 17e sommet de la Ligue des Etats arabes s'est poursuivi jusqu'à la fin de la journée d'hier. Les discussions ont perdu néanmoins beaucoup de leur « suspense » puisque les chefs de la diplomatie arabes avaient entériné la veille l'essentiel des points contenus dans le projet de déclaration finale du 17e sommet arabe d'Alger, préparé par les délégués permanents auprès de la Ligue arabe. L'enjeu de cette réunion étant, en effet, de requérir le consensus requis autour de la nécessité d'engager des réformes des structures de la Ligue arabe, vieilles de 60 ans, et de concilier l'organisation panarabe avec les impératifs d'un fonctionnement démocratique. Les résultats encourageants auxquels ont abouti les travaux du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères peuvent déjà être considérés par l'Algérie comme un motif de satisfaction compte tenu des appréhensions et parfois des résistances suscitées par la perspective du changement. Des appréhensions émanant notamment du Machrek. Pour ce qui est du niveau de représentation, le sommet arabe d'Alger devrait également être une réussite puisque la majorité des dirigeants arabes y assistera. Cela à l'exception du président libanais, en raison de la situation au Liban. Le prince du Qatar pourrait aussi ne pas venir après l'attentat terroriste perpétré hier à Doha. Le roi Abdallah II de Jordanie ne participera probablement pas aussi à ce sommet à cause des « engagements pris il y a plusieurs mois avec 1000 hommes d'affaires américains ». Mais certaines de ces informations attendent toujours d'être confirmées officiellement. Les finances et les conflits Outre le casse-tête des finances de la Ligue arabe qu'ils ont finalement préféré « léguer » aux chefs d'Etat, les ministres arabes des Affaires étrangères ont examiné plusieurs questions d'actualité, dont particulièrement les développements de la question palestinienne, la situation en Irak et celle prévalant au Soudan ainsi que la coopération entre les Etats arabes. Au titre des questions liées à la trésorerie de la ligue, l'on mentionne que les arriérés des contributions au budget de la Ligue arabe s'élèvent à 114 millions de dollars. Cet état de fait, a déclaré le ministre égyptien des Affaires étrangères, met l'organisation panarabe dans une situation difficile. En fin d'après-midi, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe a consacré sa dernière séance de travail au projet de résolution du communiqué final devant sanctionner le sommet d'Alger. Le document, attendu avec impatience, consacre bien la réforme de la Ligue arabe. Les participants devaient également aborder la coopération arabo-africaine et les projets de résolutions soumis au Conseil ministériel par le Conseil économique et social de la ligue. A l'issue des travaux de cette dernière journée du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères, une conférence de presse, portant sur les résultats des travaux, a été animée conjointement par le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, et le secrétaire général de la ligue, Amr Moussa. L'ancien diplomate égyptien a qualifié, à cette occasion, d' « avancée historique » le document relatif aux réformes dans le monde arabe élaboré par le Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères.