ALGER- La Ligue arabe a approuvé dimanche des sanctions économiques contre la Syrie, déjà soumise à des mesures similaires européennes et américaines, en raison de l'absence de réponse de Damas aux appels à la cessation des violences qui secouent le pays depuis plus de neuf mois. Plongée dans une grave crise marquée par des manifestations hostiles au pouvoir en place, la Syrie s'est vue infliger de sévères mesures par les ministres arabes des Affaires étrangères, réunis dans l'après-midi au siège de la Ligue arabe au Caire. Sur les 21 membres de l'organisation panarabe —sans compter la Syrie suspendue mi-novembre—, 19 ont voté en faveur de ces sanctions, tandis que l'Irak et le Liban s'en sont dissociés, a annoncé le Premier ministre qatari Hamad ben Jassem al-Thani à l'issue d'un conseil extraordinaire des ministres arabes au Caire. L'Irak avait jugé la veille par le biais de son ministre des Affaires étrangères Hoshyar Zebari, qu'il était "impossible" d'imposer des sanctions économiques à la Syrie vu le nombre d'Irakiens résidant en Syrie et les "étroites" relations économiques entre les deux pays. Les sanctions arabes, les premières d'une telle ampleur de la part de la Ligue arabe à l'encontre de l'un de ses membres, comprennent un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien et des comptes bancaires du gouvernement dans les pays arabes, selon le texte de la résolution votée. Ces deux mesures doivent être appliquées immédiatement. Les sanctions comportent aussi une interdiction de voyager dans les pays arabes pour des responsables syriens dont les noms restent à déterminer ainsi que la suspension des liaisons aériennes entre les pays arabes et la Syrie. La date de l'entrée en vigueur de cette dernière mesure sera fixée la semaine prochaine. Les sanctions économiques ont été adoptées après l'expiration de deux ultimatums lancés par la Ligue arabe sommant Damas d'arrêter les violences et d'accepter l'envoi d'observateurs arabes en Syrie. Mais les autorités de ce pays ont ignoré ces appels et continuent, par ailleurs, d'attribuer les troubles, déclenchés à la mi-mars, à des "groupes armés soutenus par des puissances étrangères". Samedi, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, avait accusé la Ligue arabe de favoriser une "intervention étrangère" en Syrie, après leur décision de faire appel à l'ONU pour les aider à trouver un règlement à la crise. "Tout ce que nous faisons, c'est pour éviter une solution venant de l'étranger", a riposté le Premier ministre qatari. "Pour nous, l'important est que le gouvernement syrien se rende compte qu'il y a une position arabe qui veut régler la question de manière urgente", a-t-il ajouté, réclamant "l'arrêt des massacres, la libération des prisonniers et le retrait des chars" des villes syriennes. "Notre principale préoccupation pendant les discussions était d'éviter que le peuple syrien pâtisse de ces sanctions et nous espérons que ce ne sera pas le cas", a pour sa part déclaré le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al-Arabi, après l'adoption des sanctions. L'approbation des sanctions économiques arabes contre Damas, élaborées samedi par les ministres arabes de l'Economie et des Finances de la Ligue, intervient alors que les violences se poursuivent dans plusieurs villes syriennes. Onze personnes ont été tuées et plus de 25 blessées dimanche par les tirs des forces de sécurité, dont six dans la région de Homs (centre), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). En outre, l'Armée syrienne libre (ASL), qui revendique quelque 20.000 déserteurs, a multiplié ses attaques contre les soldats et forces de l'ordre syriens faisant une cinquantaine de morts depuis jeudi, selon l'OSDH. Selon les chiffres de l'ONU, 3.500 personnes ont été tuées en Syrie depuis le début du mouvement de contestation du président Bachar al-Assad, au pouvoir depuis 2000. En outre, des dizaines de milliers d'arrestations ont eu lieu à travers le pays.