ALGER - Des membres d'une délégation de militants des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental ont réaffirmé, dans leurs témoignages mercredi soir à Alger, leur "détermination" à poursuivre la "lutte" et la "résistance" jusqu'à l'autodétermination du peuple sahraoui. Ces militants se sont exprimés à l'occasion d'une manifestation de solidarité avec le peuple sahraoui, organisée au siège du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS). La rencontre a vu la présence d'une cinquantaine de militants des droits de l'homme sahraouis ayant pris part au dernier congrès du Front Polisario (15-22 décembre 2011) ainsi que de représentants de la société civile algérienne. Dans leurs témoignages, les militants, pour la plupart d'anciens détenus politiques, se sont "félicités" de la réussite du dernier congrès du Front Polisario et ont renouvelé leur "engagement" à poursuivre la lutte contre le colonisateur dès leur retour dans les territoires occupés, ce jeudi. C'est le cas de Djamila Dember, sœur du jeune Said (26 ans) assassiné par les forces marocaines en décembre 2010 et dont la dépouille est toujours gardée dans la morgue de l'hôpital d'El Ayoune. "Je poursuivrai mon combat malgré les nombreuses tentatives des autorités marocaines d'acheter le silence de ma famille en exerçant sur elle un chantage contre la remise de la dépouille de mon frère", a-t-elle témoigné, les larmes aux yeux. Ma famille et moi continuons de souffrir et d'exiger un médecin légiste pour effectuer une autopsie sur la dépouille de mon frère afin de déterminer le nombre de balles qu'il a reçues et les circonstances de son assassinat", a-t-elle ajouté. Son amie, la jeune Soltana Khaya e exhibé la cicatrice sur son oeil droit, arraché par les "tortionnaires" des forces d'occupation marocaines lors d'une manifestation à Marrakech où elle était étudiante. "Les forces marocaines ont tenté de m'arracher le deuxième œil. Je n'ai pas peur de la cécité et je suis déterminée à retourner dans les territoires occupés où je lutterai jusqu'à la mort, a-t-elle martelé. "Je suis disposée à sacrifier ma vie pour l'indépendance du Sahara occidental", a encore lancé Soltana, décidée plus que jamais à porter "haut et fort" la voix du peuple sahraoui "malgré le boycott médiatique imposé par les autorités marocaines". De son côté, un des plus anciens détenus politiques sahraouis, Mohamed Dadech, a affirmé que le dernier congrès du Front Polisario est un message "fort" pour rappeler à la communauté internationale que le Sahara occidental demeure le dernier pays colonisé en Afrique. "Le congrès s'est déroulé dans la transparence et la démocratie. Il aura permis de réunir tous les Sahraouis où qu'ils soient puisque ces derniers s'étaient déplacés de tous les pays pour y assister", a-t-il dit, ajoutant que la question du Sahara occidental demeurera "sacrée". Abondant dans le même sens, la militante Oum El Mouminine Souyeh, a soutenu que les militants continueront à "lutter" et à "résister" » dès leur retour dans les territoires occupés. Ses propos ont vite enflammé la salle d'où ont fusé des chants patriotiques et des slogans glorifiant la résistance sahraouie. Intervenant après ces témoignages, le président du CNASPS, Mahrez Lamari, a appelé les l'Organisation des Nations-unies à "assumer ses responsabilités" et à appliquer ses propres résolutions concernant la décolonisation, annonçant qu'une délégation du Parlement africain se rendra prochainement dans les territoires occupés pour s'enquérir de la situation des droits de l'homme. Pour sa part, le président de l'APC d'Alger-centre, membre du CNASPS, Tayeb Zitouni, s'est "félicité" du "bon" déroulement du congrès du Front Polisario, le qualifiant de "réussite sur tous les plans". Il a relevé qu'un des impacts de ce congrès consiste en la décision du Congress américain de conditionner l'aide américaine au Maroc au respect des droits de l'homme, en plus, a-t-il fait observer, du Parlement européen qui a voté contre la prolongation d'un an de l'accord de pêche entre l'Union européenne et le Maroc. Pour sa part, l'ancienne championne du monde et olympique d'athlétisme (1500 m), Hassiba Boulmerka, a rendu hommage à la résistance de la femme sahraouie, citant en exemple le "courage" de la militante Aminatou Haydar qui avait fait "abdiquer" les autorités marocaines.