ALGER - Le Soudan et le nouvel Etat du Soudan du Sud, ne sont pas parvenus, durant l'année qui s'achève, à résoudre les sujets de discorde bilatéraux liés notamment au partage des revenus du pétrole et à la démilitarisation des frontières en dépit de la partition du plus grand pays d'Afrique. La proclamation en juillet de l'indépendance du Soudan du Sud, l'évènement qui a le plus marqué l'année 2011 au Soudan, est intervenue à la faveur d'un référendum sur l'autodétermination des Soudanais du sud, organisé en janvier. Ce référendum qui a consacré, sans surprise, la sécession du Sud avec plus de 90 % des voix, était prévu dans l'accord de paix global (CPA), signé à Nairobi en janvier 2005, et qui avait mis fin à plus de deux décennies de guerre civile sanglantes entre le Nord et le Sud (1983-2005). Or, la tension persiste entre les deux pays alors que les Soudanais espéraient voir l'indépendance du Sud, déboucher sur le rétablissement de la paix et de la stabilité pour pouvoir tourner définitivement la page de près de 50 ans de conflits entre les deux parties. L'année 2011 aura été celle de la multiplication en vain des rencontres bilatérales entre les dirigeants de Khartoum et de Juba dans une tentative d'aplanir leurs divergences et d'éviter une réédition de la guerre civile surtout après le "divorce" entre le Sud et le Nord. Ainsi, la question du statut de la région pétrolifère d'Abyei, située à la lisière entre les deux pays, n'a pas encore été réglée malgré l'intervention de l'ONU. A Abyei, plus de 100.000 personnes soit la quasi-totalité de la population, selon des estimations, ont été déplacées par les explosions de violence de mai 2011. Les craintes en matière de sécurité ont également empêché les organisations humanitaires internationales de retourner à Abyei ce qui compromet davantage le retour des résidents déplacés. Le statut d'Abyei continue ainsi à prêter à controverse, le Soudan et le Soudan du Sud, affirmant tous deux que la région fait partie de leur territoire et essayant l'un comme l'autre de renforcer leur mainmise sur la zone. Un référendum visant à déterminer le devenir de la région d'Abyei devait avoir lieu en janvier dernier, mais a été reporté jusqu'à nouvel ordre en raison de désaccords sur la participation au scrutin des deux principaux groupes ethniques : Les Dinka Ngok du sud et les Misseryia, une population semi-nomade au nord. De plus, la question relative à l'Etat du Sud-Kordofan, situé dans le nord du Soudan mais limitrophe du Soudan du Sud et qui détient l'essentiel des réserves de pétrole, demeure elle aussi en suspens. Depuis début juin 2011, l'armée soudanaise est engagée dans une guerre au Sud-Kordofan contre les rebelles des monts Nuba appartenant à l'armée populaire de libération du Soudan. L'année 2011 a également été marquée au Soudan par le déclenchement, en novembre, d'un autre conflit dans l'Etat du Nil bleu opposant l'armée soudanaise au gouverneur élu Malik Agar, un ancien chef rebelle. Le Nil bleu est la troisième région frontalière à faire l'objet d'affrontements depuis l'indépendance du Soudan du sud. D'autres questions clés restent en chantier à savoir la délimitation des frontières, la répartition des richesses pétrolières et la dette. Par ailleurs, l'année qui tire à sa fin aura été celle de la persistance du conflit armé au Darfour (ouest du Soudan) où des groupes rebelles sont toujours actifs et refusent de faire la paix avec Khartoum. Dans le cadre de ses opérations visant à mettre fin à cette guerre qui aurait fait des milliers de morts depuis son déclenchement en 2003, Khartoum a lancé ce mois de décembre des frappes aériennes dans la région frontalière entre le Darfour et l'Etat du Kordofan-Nord, tuant Ibrahim Khalil, un important chef rebelle, membre du mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), le groupe le plus militarisé de cette région troublée. Selon des observateurs, l'année qui s'annonce sera, sans doute, trop chargée pour Khartoum ainsi que pour Juba en raison de nombreux défis sécuritaires, politiques et économiques qui attendent les deux parties.