«C'est une manœuvre de Khartoum pour avoir la mainmise sur nos champs de pétrole» Omar El Béchir qui est dans le collimateur de Luis Moreno-Ocampo, le procureur de la Cour pénale internationale, est-il condamné à combattre sur plusieurs fronts ? A l'approche du 9 juillet, date de l'indépendance effective du Sud, les violences sont très régulières depuis quelques semaines entre le Nord et le Sud (1500 morts ces 5 derniers mois, selon l'ONU). Certaines déclarations de Khartoum et de Juba laissent croire qu'une nouvelle guerre se prépare. La capitale soudanaise évoque depuis dimanche une «rébellion armée» dans l'Etat du Sud-Korfodan, un champ de bataille pendant la guerre civile entre Nordistes et Sudistes (1983-2005), qu'elle est prête à mater. Du fait de ces affrontements, près de 40.000 personnes auraient fui la ville de Kadougli, la capitale du seul Etat pétrolier du Nord, par ailleurs, frontalier de deux autres régions sensibles, le Darfour, théâtre depuis 2003 d'une rébellion, et Abyei, une région pétrolifère que le Nord et le Sud revendiquent avec force, 100 000 civils auraient fui le mois passé lorsque l'armée soudanaise a investi la région pour chercher refuge dans l'Etat de Warrap, au sud d'Abyei, selon Fatoumata Lejeune-Kaba, porte-parole du HCR. Juba accuse à son tour Khartoum d'envoyer des appareils des Forces armées du Soudan pour «bombarder la zone de Yau, dans l'Etat d'Unité», une zone largement à l'intérieur du Sud-Soudan. «C'est une manœuvre de Khartoum pour avoir la mainmise sur nos champs de pétrole», explique Philip Aguer, le porte-parole du SPLA, armée populaire de libération du Soudan. Il est convaincu que Khartoum continue d'armer des milices dissidentes pour déstabiliser Juba qui représentera sur le plan géographique, un tiers du Soudan. Outre le Sud et Abyei, Khartoum doit s'apprêter à gérer la situation au Kordofan-Sud où ses forces armées sont déjà sur place et de nouveau le dossier du Darfour où, selon Ocampo «les crimes contre l'humanité et le génocide continuent sans répit» ? «La situation est grave, mais pas désespérée» admet le sénateur américain John Kerry. Si la reprise des combats l'inquiète, il estime que Khartoum et Juba doivent négocier.