TRIPOLI - Les Libyens célèbrent vendredi le premier anniversaire de la révolution du 17 février 2011, qui a mis fin à 42 ans de règne de Maâmmar El-Gueddafi, sans aucun programme officiel "par respect pour les familles des martyrs, les blessés et les disparus", selon les nouveaux dirigeants du pays. La célébration de ce premier anniversaire se déroule au milieu de mesures de sécurité draconiennes afin de prévenir d'éventuelles attaques de partisans de l'ancien régime déchu. Le début officiel de la fête nationale est prévu après la prière de vendredi. Mais des célébrations spontanées ont commencé depuis mercredi dans plusieurs villes du pays, notamment à Benghazi (est) en souvenir de la première manifestation contre le régime, étincelle de la rébellion le 15 février 2011 avant le mouvement plus organisé du 17 février. Il s'agissait essentiellement de proches de victimes du massacre de 1996 dans la prison d'Abou Slim à Tripoli, qui dénonçaient l'arrestation de leur avocat, Fathi Tarbel, aujourd'hui ministre de la Jeunesse et des Sports. Le mouvement, devenu conflit armé, a fait des milliers de morts et de blessés et a abouti à la chute du colonel El-Gueddafi fin août et à sa mort le 20 octobre. Pour l'occasion, les autorités ont annoncé l'octroi de 2.000 dinars libyens (soit 1.760 dollars) à chaque couple marié et 200 dinars pour chaque enfant. Agitant le drapeau de la nouvelle Libye, vert, rouge et noir, les habitants de Benghazi et de Tripoli ont fêté à coups de pétards et de klaxons le premier anniversaire, tandis que des mesures de sécurité exceptionnelles ont été mises en place pour prévenir d'éventuelles attaques de partisans de l'ancien régime. Plusieurs check-points ont été installés par les ex-rebelles avec fouilles des véhicules et contrôles d'identités, provoquant des embouteillages dans plusieurs quartiers de la capitale. Le chef du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, a prévenu jeudi soir qu'il serait "ferme envers ceux qui menacent notre stabilité". "Le CNT tend les bras à tous les Libyens sans exception, qu'ils aient soutenu la révolution ou pas. Mais cette tolérance ne veut pas dire que nous soyons incapables d'assurer la stabilité de notre pays", a-t-il déclaré lors d'un discours à la nation télévisé. "Nous ferons face à tous ceux qui menacent notre stabilité. Les ex-rebelles sont prêts à répondre à toute attaque visant à déstabiliser" le pays, a-t-il mis en garde. Dans ce contexte, un groupe inconnu de partisans de l'ancien régime a annoncé dans un communiqué circulant sur internet la formation d'un "mouvement libyen populaire national" qui dénonce notamment l'absence d'institutions pour la justice et la sécurité ainsi que la prolifération des milices armées. Ce groupe, qui se dit fier du "courage" du "martyr Maâmmmar El-Gueddafi", affirme avoir notamment pour objectifs de dissoudre les milices armées et de bâtir les institutions de l'Etat. Il veut également libérer "tous les prisonniers sans exceptions, y compris Seif Al-Islam" El-Gueddafi détenu depuis son arrestation en novembre dans le sud du pays. Plusieurs organisations de défense de droits de l'homme ont récemment dénoncé des violations des droits de l'homme par les milices formées par les ex-rebelles. "Il y a un an, les Libyens ont risqué leurs vies pour réclamer justice. Aujourd'hui, leurs espoirs sont mis en péril par des milices armées sans foi ni loi qui foulent aux pieds les droits de l'Homme en toute impunité", a dénoncé jeudi Amnesty International.