Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a quitté hier Paris pour une visite de vingt-quatre heures en Libye où il rencontrera le chef du Conseil national de transition, Mustapha Abdeljalil, sur fond de manifestations contre le CNT. M.Juppé s'entretiendra également à Tripoli avec le Premier ministre du gouvernement de transition, Abdel Rahim al-Kib, ainsi qu'avec son homologue Achour Ben Khayal, a précisé son ministère. «Alors que s'ouvre une étape déterminante pour la réussite de l'édification d'une Libye démocratique, cette visite du ministre d'Etat sera l'occasion de réaffirmer que la France, qui a dès les premiers jours pris la tête de la coalition internationale pour la protection des Libyens, sera aussi à leurs côtés dans la reconstruction», a indiqué Bernard Valero, porte-parole du Quai d'Orsay. «Avec les autorités libyennes, Alain Juppé examinera l'ensemble des actions que nous menons déjà ensemble pour soutenir la transition politique et la reconstruction, ainsi que de nouveaux projets de coopération», a-t-il ajouté. Il prononcera un discours à l'Université de Tripoli, «s'adressera en particulier à la jeunesse libyenne, qui a joué un rôle moteur dans la révolution et annoncera notre intention d'ouvrir à Benghazi un pôle culturel français», a ajouté M. Valero. Le ministre regagnera Paris jeudi soir. Il s'agit de son deuxième déplacement en Libye depuis la chute fin octobre du régime de Mouamar El Gueddafi. Il avait accompagné le président Nicolas Sarkozy à Tripoli et à Benghazi le 15 septembre. Cette nouvelle visite intervient dans un climat de tensions, marqué par des manifestations contre le CNT lundi et mardi à Benghazi, les premières dans cette ville de l'Est, berceau de la révolution libyenne qui a débuté à la mi-février. Moins d'un mois après la formation du gouvernement de transition, les protestataires reprochent au CNT un manque de transparence sur ses activités et sa composition. M.Abdeljalil a aussi été critiqué pour avoir affirmé que la Libye était capable de pardonner aux partisans de l'ancien régime. Les manifestants demandent que priorité soit donnée aux anciens rebelles et aux blessés de la révolution. Les critiques viennent aussi de l'intérieur du Conseil, l'un de ses membres ayant jugé que les nouvelles autorités étaient coupées du peuple et aussi dénoncé l'absence des jeunes et des femmes dans les instances dirigeantes. Le CNT est également confronté à diverses revendications sociales et au défi majeur du désarmement des milices ayant combattu l'ancien régime. Plusieurs incidents impliquant d'anciens rebelles à des groupes rivaux ont eu lieu récemment, notamment au sud-ouest de Tripoli.