BENGHAZI (Libye)- Des chefs de tribus et de milices de Barca (Est libyen) ont déclaré mardi l'autonomie de cette région pétrolière, lors d'une cérémonie organisée dans la ville de Benghazi. "La région fait le choix du système fédéral", ont affirmé ces dirigeants dans un communiqué conjoint. Ils ont également annoncé la constitution d'un Conseil pour gérer les affaires de cette région, d'ou était partie la révolte contre le régime du colonel Maammar el-Gueddafi. Ils ont élu à sa tête Ahmed Zoubaïr, cousin de l'ancien roi Idriss al-Sénoussi renversé par le colonel el-Gueddafi en 1969. "Le Conseil intérimaire de Cyrénaïque a été établi sous la direction de Cheikh Ahmed Zoubaïr al-Sénoussi pour gérer les affaires de la région et défendre les droits de ses habitants", précise le communiqué. Le Conseil reconnaît toutefois le Conseil national de transition (CNT, au pouvoir) qu'il qualifie de "symbole de l'unité du pays et représentant légitime (de la Libye) aux sommets internationaux". Ahmed Zoubaïr est lui-même membre du CNT. L'annonce de l'autonomie de la région de Barca intervient alors que le CNT peine, depuis la chute du colonel el-Gueddafi en octobre dernier, à éxercer son autorité à travers le pays. Il reste confronté à de multiples défis, notamment celui de la récupération des immenses quantités d'armes disséminées à travers le pays, et celui du désarmement des ex-rebelles et de leur intégration dans les forces de sécurité. Le pays connait également des violences sporadiques entre milices ou entre tribus rivales. En février dernier de violents combats avaient opposé durant semaines la tribu des Zwai à celle des Tobu, faisant plus de 100 morts et des milliers de déplacés, selon un bilan fourni par les Nations unies après une mission d'évaluation sur le terrain. Des unités de l'armée avaient du être envoyées à Koufra (40.000 habitants) pour sécuriser la ville et obtenir la mise en place d'une trêve. Il y a une semaine, deux personnes avaient éte tuées dans des combats près du poste frontalier de Ras Jedir entre la Tunisie et la Libye. Ces combats avaient opposé des policiers libyens à des hommes armés, pour la prise de contrôle de ce passage stratégique. Par ailleurs, le CNT s'attèle à faire aboutir le processus politique engagé en Libye qui prévoit l'élection d'un Conseil national dans quelques mois. Ce conseil élira à son tour une commission nationale qui sera chargée de rédiger la future constitution du pays. Celle-ci sera soumise en suite à un référendum populaire. Le CNT avait annoncé fin janvier l'adoption de la loi électorale qui régira l'élection d'une assemblée constituante. M. Mohamed Brahim Al Allagui, membre du CNT et président du conseil libyen des droits de l'homme a relevé toutefois la semaine dernière, lors d'une visite à Tunis, "la difficulté" d'organiser des élections en Libye dans "les conditions sécuritaires actuelles et le climat d'instabilité qui prévaut dans le pays". Il s'est interrogé sur la manière de "garantir la crédibilité" des résultats des élections alors que les armes circulent toujours dans le pays.