La dimension nationaliste et humaine de feu Ahmed Ben Bella a été mise en exergue, lundi à Oran, lors d'une rencontre consacrée au parcours politique du premier président de l'Algérie indépendante. Ahmed Ben Bella incarnait "la sérénité, le pardon et la sagesse", a affirmé l'historien et professeur à l'université Denis Diderot de Paris (France), Omar Carlier, dans une conférence au Centre d'études maghrébines en Algérie (CEMA) basé à la Cité du Chercheur de l'Université d'Oran. Professeur également à l'Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris (EHESS), M. Carlier a proposé, dans ce cadre, une communication intitulée "Ben Bella : la trajectoire politique du premier chef d'Etat algérien". L'intervenant a mis l'accent sur la ressource politique et les faits d'armes de Ben Bella qui ont favorisé, a-t-il dit, "son ascension, le portant successivement à la tête de l'OS (Organisation spéciale, branche armée du MTLD/PPA), de la Révolution du pays et au premier rang de la scène internationale". Ben Bella supervisa la mise en place de l'OS en Oranie, dont il devint le premier chef régional et prépara avec Hocine Aït Ahmed l'attaque de la poste d'Oran, a rappelé M. Carlier en observant que les arrestations et incarcérations de l'homme ne l'ont jamais empêché d'assumer "haut et fort son engagement révolutionnaire". Après avoir mis en relief le rôle de Ben Bella dans les étapes les plus marquantes de la lutte de libération nationale, l'historien a abordé la période post-indépendance qui le vit occuper successivement le rang de Chef du Gouvernement et président de l'Algérie indépendante, intégrant le cercle restreint des leaders du Tiers Monde. Ben Bella se distinguait autant par sa dimension de grand acteur politique que par ses qualités humaines, a encore souligné M. Carlier, déplorant le fait que "la donnée touchant à l'intime n'a pas retenu l'attention des publicistes, ni celle des spécialistes". Décédé mercredi dernier à Alger à l'âge de 96 ans, Ahmed Ben Bella a été inhumé vendredi au Carré des martyrs du cimetière El-Alia. Suite à l'annonce de son décès, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, avait décrété un deuil de huit jours sur l'ensemble du territoire national.