Le candidat socialiste à la présidence française, François Hollande, a réaffirmé dans un débat télévisé sa position favorable au droit de vote des étrangers non communautaires aux Municipales, au moment où son rival de la Majorité présidentielle Nicolas Sarkozy a dit redouter des revendications identitaires à travers une initiative qu'il a rejetée. "C'est une position que je défends depuis des années, uniquement pour les élections municipales et pour des étrangers en situation régulière installés depuis plus de 5 ans", a déclaré François Hollande, lors d'un débat mercredi soir, diffusé simultanément par TFI et France 2, à trois jours du second tour de l'élection présidentielle en France. Le candidat socialiste a, à cet effet, fait remarquer que cela existe dans plusieurs pays européens voisins de la France, avant de se demander pourquoi son adversaire du jour a-t-il changé de position alors qu'il y était, selon lui, favorable depuis des années. "M. Sarkozy, vous étiez favorable à cette position. (...) Vous avez parfaitement le droit de changer, moi je ne change pas", lui a-t-il lancé, ajoutant que "ces personnes qui sont sur (le) territoire français depuis longtemps, qui paient des impôts doivent pouvoir participer au scrutin municipal". Tout en niant avoir été "des années durant, intellectuellement" favorable au vote des étrangers, le président sortant a considéré comme "irresponsable" de proposer un vote "communautariste et communautaire" alors que la France, a-t-il dit, est "face à des tensions identitaires et communautaires extraordinaires". "J'ai beaucoup réfléchi sur cette question", a-t-il répondu, soulignant que "depuis 10 ans, une montée des violences communautaires". "Je considère comme irresponsable de proposer un vote communautaire alors que nous faisons face à des tensions communautaires et identitaires extraordinaires", a dit le candidat de l'UMP, avant de renchérir : "Si vous donnez le droit de vote aux immigrés, avec la tentation communautariste, il y aura des revendications identitaires". Il a encore une fois désigné du doigt les musulmans qui, selon lui, seraient derrière ces revendications, suscitant l'ire de son rival qui lui reprochait le fait de lier ce droit de vote à une religion. "Il y a des étrangers qui sont là depuis des années, musulmans ou pas, pratiquants ou pas, et qui ne conçoivent pas la participation à une élection locale comme un moyen de pression religieuse", a répondu François Hollande. Le droit de vote des étrangers non communautaires résidant en France depuis cinq ans aux élections locales est le 50e des 60 engagements de François Hollande. La révision des institutions, dont cette mesure, est prévue entre août 2012 et juin 2013 dans "l'agenda du changement" du candidat socialiste. Le Sénat avait adopté le 9 décembre dernier une proposition de loi de sa nouvelle majorité de gauche accordant ce droit de vote. Le texte ne permet pas aux étrangers de devenir maire ni de participer aux élections sénatoriales en tant que grands électeurs. Ils pourraient seulement être élus conseillers municipaux.