Des formations politiques en lice pour les législatives du 10 mai prochain continuent d'utiliser les espaces publicitaires dans certains quotidiens nationaux et des sites internet bien que ces pratiques soient contraires à la loi, a constaté mercredi l'APS. L'article 193 de la loi organique portant régime électoral stipule que "l'utilisation d'un procédé publicitaire commercial à des fins de propagande durant la période électorale est interdit", rappelle-t-on. Le président de la Commission nationale de supervision des élections législatives (CNSEL), Slimane Boudi, a mis en garde, dans une déclaration à l'APS, contre le recours à ces pratiques qui peuvent conduire à "une infraction" ou "un délit en cas de récidive". La CNSEL a enregistré "plus de 10 saisines" se rapportant à des affichages publicitaires à caractère commercial sur des quotidiens nationaux et des sites internet. S'agissant de la réaction des partis politiques à ces agissements, le chargé de communication du parti du Front de libération nationale (FLN), Kassa Aïssi, a refusé de commenter cette question, soulignant que dans ce genre d'affaires, le parti traite directement avec la CNSEL. M. Kassa a, par ailleurs, nié être au fait des espaces publicitaires qui sont consacrés au parti dans certains quotidiens nationaux arabophones et des sites internet, ajoutant "qu'il est tout à fait normal qu'il y ait des espaces publicitaires" dans un journal relevant du parti bien que le quotidien en question consiste en une Société par actions (SPA). Le chargé de communication du FLN a précisé que "plusieurs partis concernés par ces pratiques recourent à des chaînes de télévision étrangères pour des campagnes publicitaires payantes". Pour sa part, le directeur national de la campagne électorale du Mouvement populaire algérien (MPA), présidé par Amara Younes, a affirmé que son parti n'avait pas fait de publicité dans des quotidiens nationaux, assurant "qu'une enquête a été ouverte pour déterminer les sources de ces publicités". Le responsable du MPA a, dans la même lancée, souligné "n'avoir reçu aucune saisine émanant de la CNSEL à ce sujet". Il a rappelé que la seule saisine transmise par la CNSEL au parti "concernait un spot publicitaire sur une chaîne de télévision étrangère", ajoutant que "le spot a été suspendu par respect à la loi". De son côté, le président du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), Mohamed Saïd, a affirmé ignorer l'existence "d'un article interdisant le recours à ces moyens publicitaires", soulignant la disposition de son parti à "arrêter la publicité en cas de preuves". "S'il s'avère que ces publicités sont contraires à la loi, les journaux devraient arrêter leur publication", a-t-il indiqué. Toutefois, M. Saïd a affirmé n'avoir reçu aucune saisine de la part de la CNSEL à ce sujet, indiquant que "cette instance est, elle seule, habilitée à contacter les partis en cas de dépassements". Le président de la CNSEL a affirmé que toutes les formations politiques concernées par les saisines "n'ont plus commis d'infractions". Pour sa part, le vice-président de la commission de surveillance des élections législatives de la wilaya d'Alger, Nacereddine Baghdad, a précisé que le recours aux journaux et aux sites internet d'information pour la publicité "est contraire à la loi" car étant une publicité à caractère commercial. Le recours à ces moyens de communication constitue "une atteinte" au principe d'égalité des partis dans la propagande électorale, a-t-il estimé, affirmant que ces pratiques "consacrent la domination des personnes influentes et des affairistes". Dans ce cadre, M. Baghdad a proposé de renforcer la loi portant régime électoral de textes réglementaires susceptibles de garantir "le principe d'égalité des chances pour les partis pour se rapprocher du citoyen".