La réflexion sociale "doit regagner sa place" dans le film algérien, a affirmé, samedi à Oran, la cinéaste algérienne Fatma Zohra Zamoum à l'occasion de la sortie nationale de son dernier film "Kedach ethabni" (combien tu m'aimes). "Le 7ème art algérien doit suggérer davantage de réflexion autour de la thématique sociale", a indiqué la réalisatrice dans un entretien à l'APS en marge de la projection de son œuvre à la cinémathèque d'Oran. La formation joue, dans ce contexte, un rôle majeur, a-t-elle ajouté en insistant sur la contribution des cinéastes et des différents professionnels du secteur pour mieux répondre aux attentes du public. Mme Zamoum a choisi d'aborder, dans son dernier long-métrage de fiction, le thème du divorce tout en se gardant, a-t-elle dit, de tomber dans la "stigmatisation des personnages", proposant en revanche autour de ce sujet une approche qu'elle qualifie de "dynamique et dialectique". "Kedach ethabni" a pour contexte Alger de nos jours, où Adel, 8 ans, est confié à ses grands-parents Khadidja et Lounès car ses parents Rachid et Safia se sont disputés. Adel était supposé rester avec ses grands-parents une semaine, à laquelle s'ajoute une autre semaine, puis... il fait l'école buissonnière. Khadidja, femme au foyer, essaie de partager sa vie quotidienne, dans son appartement, avec Adel, alors que Lounès, retraité, l'initie au grand monde des animaux. De jour en jour, la question "Combien tu m'aimes" que se lancent l'enfant et sa grand-mère les aide à traverser cette période difficile et à se rapprocher l'un de l'autre. Ce film de production algéro-marocaine a été sélectionné, depuis sa sortie en 2011, à travers plusieurs festivals, dont le Festival du Film de Doha (Qatar, 2011), le Festival Méditerranéen de Montpellier (France), le Festival International du Film d'Inde à Goa, le Festival d'Oran du Film Arabe, et le Festival du Film de Palm Springs (Etats-Unis). Née en 1967 à Bordj-Ménaïel, Fatma-Zohra Zamoum a fait ses études à l'école supérieure des Beaux-Arts d'Alger. Elle poursuit une formation en histoire de l'art puis en cinéma en France, à l'issue de laquelle elle réalisera son premier court-métrage intitulé "Peloton de laine" qui lui vaudra de nombreux prix à l'échelle internationale. A travers "Peloton de laine" elle s'était intéressée aux rapports homme/femme dans la communauté maghrébine en milieu ouvrier en France, révélant ainsi différents aspects d'ordre social comme les conditions de vie des immigrés et les questions du genre. Auteur de plusieurs publications, sénarii et réalisations, Fatma-Zohra Zamoum s'attelle actuellement à la création de sa prochaine œuvre, un long-métrage musical de production franco-algéro-indienne dont elle a également écrit le scénario. "Le Raï sera très présent dans ce prochain film qui se déclinera en hommage à un chantre du genre", a-t-elle accepté de révéler. Mme Zamoum s'est également félicité de la bonne impression suscitée auprès des cinéphiles oranais par son dernier film qui sera projeté dimanche à Tiaret, puis à Sidi Bel-Abbès (21 mai), à Béchar (23 mai), Bejaia (26 mai) et à Alger (28 mai).