L'augmentation des prix des produits pétroliers au Maroc devrait accroître les prix intérieurs, réduire le pouvoir d'achat, affecter la consommation des ménages et se traduirait par une baisse de l'investissement, de l'emploi et de la croissance, selon le Haut-commissariat marocain au plan (HCP). Les prix à la consommation augmenteraient de 1,27% en 2012 et de 1,90% en 2013, avant de ralentir à 0,97% en 2017 et le pouvoir d'achat des ménages serait en dégradation et leur consommation connaîtrait une baisse passant de 0,98% en 2012 à 1,53% en 2013, pour se stabiliser aux alentours de 0,97% en 2016-2017, indique le HCP dans une note de simulation évaluant les effets de l'augmentation des prix du gasoil, de l'essence et du fuel industriel sur les principaux agrégats de l'économie marocaine durant la période 2012-2017. L'organisme marocain prévoit, par ailleurs, que l'investissement devrait régresser significativement passant de 0,59% en 2012 à 2,72% en 2016, affectant ainsi l'emploi qui connaîtrait des pertes allant de 8.430 postes emplois en 2012 à 11.340 en 2017, avec une accentuation entre 2013 et 2014 aux environs de 19.500 pertes d'emploi. D'autre part, le HCP a estimé que le solde budgétaire enregistrerait une amélioration, allant de 0,20 en 2012 à 0,75 en 2017 en point du pourcentage du Produit intérieur brut (PIB). Le solde commercial devrait s'améliorer de 0,81 en point du pourcentage du PIB en 2013-2014 et de 0,59 en 2017. Ainsi, en raison de la hausse des prix intérieurs les exportations devraient perdre de leur compétitivité et baisser de 0,20% en moyenne annuelle entre 2013 et 2017, alors que les importations connaîtraient une baisse à un taux élevé de 1,4% durant cette période en raison de la baisse de la demande intérieure. Au total, le PIB devrait enregistrer un manque à gagner de 0,39% en 2012, de 0,74% en 2013-2014 et 0,69% en 2017. Pour rappel, le gouvernement marocain avait augmenté, il y a quinze jours, les prix des carburants d'environ 20% (2 dirhams) pour l'essence et de 10% (1 dirham) pour le gazole ainsi que du fuel industriel (hausse de 988,04 DH/tonne). Les centrales syndicales ainsi que les organisations professionnelles des routiers et conducteurs de taxi ont rejeté cette décision prise "unilatéralement" par le gouvernement considérant que celle-ci aurait des effets négatifs sur le pouvoir d'achat des citoyens qui ont déjà subi des hausses successives des prix des produits de base et des services. Selon le gouvernement la décision d'augmenter les prix des carburants permettra à l'Etat de soutenir les catégories sociales défavorisées, tout en poursuivant sa politique des investissements publics. Le ministre marocain de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'environnement, Fouad Douiri avait indiqué que "cette mesure permettra à l'Etat d'économiser 4,5 milliards de dirhams (1 euro = 11 DH environ) voire 5 Mds de DH pour les sept prochains mois par rapport au volume attendu pour l'énergie et qui est de l'ordre de 50 Mds de DH". De son côté, le ministère marocain chargé des Affaires générales et de la Gouvernance avait souligné dans un communiqué annonçant cette hausse que le début de l'année 2012 était marqué par des "fluctuations importantes" des prix du pétrole, le baril ayant atteint un niveau record de 117,4 dollars entre les mois de janvier et mai, contre 78 et 110 dollars pour la même période en 2010 et 2011. Durant les quatre premiers mois de 2012, les importations marocaines de produits énergétiques ont atteint 32,79 milliards de DH contre 28,37 Mds de DH soit +15,6% ou +4,41 Mds de DH de l'accroissement global des importations à fin avril 2012.