La nouvelle production théâtrale "Imraa min warek" (une femme en papier), présentée mardi soir à Oran, a suscité d'intenses émotions chez le public qui a favorablement accueilli cette œuvre réalisée en hommage aux artistes et hommes de culture disparus. "Imraa min warek" a été jouée devant une assistance nombreuse, sur les planches du Théâtre régional Abdelkader Alloula, ravivant ainsi la mémoire du public par rapport aux beaux moments offerts du vécu des grandes figures culturelles à l'instar du dramaturge Alloula (1939-1994). Cette création adaptée librement par Mourad Senouci du roman "Ountha Essarab" (femme-mirage) de l'écrivain Wassiny Laaredj, a été mise en scène par Sonia, connue surtout comme comédienne avant de faire ses preuves au plan de la réalisation, ayant été sacrée meilleure metteur en scène au 5e Festival national du théâtre professionnel en juin 2010. L'histoire met en confrontation l'imaginaire et le réel, incarnés par deux personnages féminins, Yamina et Meriem, interprétés respectivement par Lydia Laarini (prix de la meilleure interprétation féminine au 5e Festival précité) et la jeune comédienne Raja Houari. Coproduite par le Théâtre régional Azzeddine Medjoubi d'Annaba et le Théâtre national algérien Mahieddine Bachtarzi (TNA), "Imraa min Warek" s'appuie sur le dialogue entre les deux protagonistes, l'épouse de l'écrivain et l'héroïne du roman de ce dernier, pour évoquer la contribution des hommes de culture, artistes et journalistes disparus. Mourad Senouci a expliqué dans ce sens que "le romancier a créé un personnage fictif féminin pour en faire le héros de ses contes et nouvelles, et qu'après un certain temps, ce personnage devient tellement présent dans le quotidien du romancier que sa vraie femme commence à avoir des doutes, craignant que "la femme en papier" n'en cache une autre, bien réelle, dans la vie de son mari. Pour l'auteur Wassiny Laaredj, le but de cette histoire est d'entraîner le public dans une rétrospective mettant à l'honneur de grandes figures disparues tels Alloula, Kateb Yacine, Issiakhem, Djamel Eddine Zaïter, le journaliste d'Oran, assassiné alors qu'il se recueillait sur la tombe de sa mère à Gdyel, et autres noms comptant parmi les plus marquants de la scène culturelle durant les décennies 1970-1980-1990. La présentation de "Imraa min Warek" intervient dans le cadre d'une tournée nationale entamée le 7 juin dernier après la générale donnée au Théâtre régional Azzeddine Medjoubi de Annaba, tandis qu'une version en langue amazigh est actuellement en préparation au Théâtre régional Malek Bouguermouh de Béjaïa. Dans une déclaration à l'APS, Wassiny Laaredj a fait part de la prochaine édition de son nouvel ouvrage, à caractère philosophique, dont l'adaptation théâtrale sera également confiée à Mourad Senouci.