Sourire aux lèvres, portant différents produits dans des sacs, deux jeunes soeurs bénévoles assurent lundi, deuxième jour de l'Aid El Fitr, qu'elles se rendent régulièrement dans les hôpitaux d'Alger pour apporter aide, assistance et soutien moral aux malades. Lourdement chargées, Louiza et Fouzia Maazouz confient qu'elles accomplissent le travail de bénévolat depuis plus d'une dizaine d'années pour, disent-elles, rendre le sourire aux malades qui n'ont pas pu passer l'Aid el Fitr en compagnie de leurs familles. Dès leur entrée dans les chambres des malades au service oncologie de l'hôpital Mustapha Pacha, les visages des patients s'éclairent, reflétant ainsi la joie de voir deux "inconnues" leur rendre visite, munies de surcroît de toutes sortes de cadeaux. "Personne ne nous a initiées à cette action de bienfaisance. Nous avons commencé le travail de bénévolat dans le village SOS enfants de Draria (sur les hauteurs d'Alger) et ensuite nous nous sommes habituées à nous rendre régulièrement dans les structures hospitalières pour apporter notre contribution, surtout en faveur des personnes âgées qui sont sensibles au moindre geste, aussi minime soit-il", raconte à l'APS Louiza, étudiante de littérature française. "Nous puisons dans nos propres économies pour acheter tous ces cadeaux pour les malades. Discuter avec eux, écouter leurs doléances dans l'espoir de voir se redessiner un sourire sur leur visage, car cela nous remplit de satisfaction et nous procure le sentiment du devoir accompli", ajoute-t-elle. Allongée sur son lit, vêtue de sa robe kabyle, Ait Kaid Fatma, sexagénaire se dit heureuse et "extrêmement émue" de voir des bénévoles venir s'enquérir de sa situation, en ce jour de fête. "On est attentif au moindre signe d'attention quand on est loin des siens. Cela donne du baume au coeur de voir des gens qui ne sont pas de votre famille venir vous voir, discuter avec vous et soulager vos douleurs. C'est très important. Passer l'Aid sans ma famille, m'a paru une éternité, d'ailleurs je n'ai pas répondu à tout le monde au téléphone, l'émotion était trop forte", indique Mme Ait Kaid. Khaldi Zoubida, septuagénaire, se réjouit, quant à elle, que depuis le début du mois du jeûne, les visites de bénévoles, rivalisant de bonté à l'égard des malades, n'ont pas cessé au service oncologie. "Depuis le début du ramadhan, des bénévoles me rendent régulièrement visite, à tel point qu'ils sont devenus comme des gens de ma famille. Ils m'ont prodigué un soutien moral considérable", assure Mme Khaldi. Mon handicap m'a inculqué le devoir d'assistance Abdellah Toubaili, 30 ans, bénévole, muni d'une fiche technique où sont consignés tous les détails concernant les malades de l'hôpital Nafissa Hamoud (ex-Parnet), est apprécié des malades et du personnel médical et paramédical. Il coordonne avec d'autres bénévoles et des associations le travail d'assistance en faveur des malades, notamment les enfants. "Je suis né avec un retard mental, et cet handicap ainsi que ma fréquentation des hôpitaux, m'ont inculqué le devoir d'assistance à toutes les personnes malades. Je ressens à la vue d'un malade ses souffrances. Avec l'aide d'associations, nous essayons de trouver le meilleur moyen de lui venir en aide", poursuit-il. Des membres des Scouts musulmans algériens et de l'Association des ouléma algériens ont apporté en ce jour de l'Aid des jouets et des vêtements neufs pour les enfants du service pédiatrique. Regards innocents, visages rayonnant de grâce, Nouha et Hayat respectivement 7 et 8 ans, atteintes de diabète, chaussent leurs sandales à la vue de leur proche venu leur rendre visite, croyant que c'était le moment de quitter l'hôpital. "Nous avons reçu beaucoup de cadeaux la veille et le jour de l'Aid. Ma mère et mon père me manquent énormément. J'ai hâte de les revoir ainsi que mes frères", s'impatiente Nouha. Des mères qui passent leurs nuits depuis plusieurs jours en compagnie de leurs enfants atteints pour la plupart de cancer, constatent avec satisfaction l'ambiance conviviale à cet hôpital. "C'est très pénible de passer un jour de fête sacré loin de chez soi avec son enfant malade. Mais que voulez vous, c'est le destin. Toutefois, avec les bénévoles et les associations qui nous ont gratifiés de cadeaux et d'un précieux soutien moral, nos souffrances ont été largement atténuées", admet Malika, 45 ans, originaire de Chlef (ouest d'Alger). "J'ai laissé mes autres enfants seuls avec leurs père. Je ferai tout pour la guérison de mon fils. Dès que je le vois, j'ai le coeur qui se serre", se désole-t-elle, les yeux embués de larmes.