Une délégation américaine conduite par le secrétaire d'Etat adjoint, William Burns, se rendra jeudi à Alger pour discuter avec les autorités algériennes de la crise malienne, a indiqué mercredi le sous-secrétaire d'Etat américain pour l'Afrique, Johnnie Carson. Intervenant devant le Sénat, lors d'une audition consacrée à la situation au Mali, M. Carson a souligné que le rôle de l'Algérie ainsi que celui de la Mauritanie est ‘‘crucial pour une solution durable dans le nord du Mali'‘. Dans son intervention, M. Carson a salué, par ailleurs, les efforts des dirigeants africains pour faciliter le dialogue en cours entre les protagonistes, mais a fait valoir que le gouvernement intérimaire du Mali doit ‘‘démontrer son engagement dans les négociations en nommant un négociateur en chef afin de traiter pacifiquement les revendications des groupes du Nord qui acceptent l'intégrité territoriale du Mali et renoncent au terrorisme'‘. Il a également estimé que la faisabilité d'un règlement négocié durable ‘‘dépendra en définitive de la légitimité qui ne peut venir que d'un gouvernement malien démocratiquement élu'‘. Des pourparlers à long terme, a-t-il poursuivi, ‘‘seront nécessaires pour répondre aux besoins sociaux et économiques légitimes des populations du Nord du Mali'‘. Selon lui, ‘‘ces futures négociations sont un complément nécessaire à celles menées actuellement et qui consistent à séparer les groupes qui respectent l'intégrité territoriale et la nature laïque du Mali, des groupes terroristes avec lesquels la négociation n'est pas une option'‘. Par ailleurs, M. Carson a réaffirmé que ‘‘la participation de l'Algérie et de la Mauritanie, qui ne sont pas membres de la CEDEAO, sera également cruciale pour une solution durable dans le nord du Mali''. Et c'est dans cet objectif, a-t-il expliqué, qu'une délégation américaine conduite par William Burns se rendra à Alger pour discuter de la crise malienne. Par ailleurs, ce haut responsable a exprimé la ‘‘sérieuse préoccupation'' des Etats-Unis de la présence et des activités des groupes terroristes dans le nord du Mali en citant notamment Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement pour l'Unité et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO). Se montrant, plutôt prudent quant à une éventuelle opération militaire, l'adjoint de Hillary Clinton a avisé que toute tentative militaire pour déloger AQMI du nord du Mali ‘‘doit être dirigée par des Africains, bien planifiée et bien dotée en ressources'‘. De surcroît, a-t-il insisté, ‘‘un plan militaire doit aussi tenir compte de la sécurité des civils et de la réponse humanitaire''. Développant son analyse sur une éventuelle opération militaire, M. Carson a observé que la menace d'une telle intervention a, certes, contribué à changer l'attitude de groupes rebelles dans le nord malien, qui s'est traduite par l'acceptation du MNLA et d'Ansar Dine à négocier avec le gouvernement intérimaire malien. Il a, néanmoins, soutenu qu'en dépit du concept militaire proposé par la CEDEAO et l'Union africaine pour résoudre la crise du nord du Mali, plusieurs questions-clés exigent des réponses pour veiller à ce que cet effort soit bien planifié et bien doté en ressources''. Ces questions en suspens concernent, a-t-il précisé, ‘‘le niveau des forces militaires nécessaires, les capacités des forces maliennes et internationales pour atteindre les objectifs de la mission, le coût et les financements nécessaires, les exigences logistiques, les délais opérationnels, une planification pour minimiser l'impact sur la sécurité de la population civile et sur la situation humanitaire, et veiller à ce que l'action militaire proposée soit liée d'une manière adéquate à une stratégie politique suffisamment détaillée et à l'état final d'opérations militaires dans le nord malien''. Dans ce sillage, il a souligné que les pays voisins du Mali ont intensifié leurs efforts pour renforcer leur propre sécurité à travers les frontières. ‘‘L'Algérie, la Mauritanie et le Niger redoutent que toute intervention militaire dans le nord du Mali provoque un débordement des extrémistes à travers leurs frontières, qui pourrait également avoir des répercussions sur la sécurité des réfugiés'', a-t-il souligné devant le Sénat.