L'année 2012 s'est distinguée par un raffermissement des relations politiques et économiques entre l'Algérie et la France, favorisée par les multiples échanges de visites de hauts niveaux entre Alger et Paris et confortée par la récente visite d'Etat du président François Hollande en Algérie à l'invitation du président Abdelaziz Bouteflika. Cette visite, attendue et espérée par les deux pays, à forte valeur symbolique, cinquante ans après l'indépendance nationale, a permis à Alger et Paris de convenir pour progresser ensemble dans l'intérêt partagé des deux pays et aboutir à une relation forte et renouvelée, porteuse d'un dialogue fécond. "Il s'agit d'un voyage attendu, espéré, redouté et il était nécessaire non comme un aboutissement, mais comme un temps d'un nouvel âge que je veux engager 50 ans après", avait déclaré le chef de l'Etat français à cette occasion. Par ce voyage diplomatique, le président français entendait aussi mettre fin aux tensions historiques entre Paris et Alger sur les questions de la mémoire qui ont pendant longtemps confiné les deux pays dans une zone de turbulences. En réaffirmant l'entente franco-algérienne, il a également souhaité, au nom de la République française, relancer les échanges économiques entre les deux pays pour les placer dans la continuité et les hisser au niveau souhaité par les deux pays. Couronnée par la signature de sept accords de coopération, cette visite exprime ainsi la volonté d'Alger et de Paris de tourner la page d'un passé tumultueux et d'avancer ensemble vers un avenir tournée sur une concertation constante, consignée dans la Déclaration d'Alger d'amitié et de coopération, signée par les présidents Bouteflika et Hollande. "Nous avons des relations qui sont à la fois humaines, économiques et culturelles que nous devons amplifier", a affirmé aussi M. Hollande, expliquant qu'"il y a une vérité à dire pour le passé et une volonté à prononcer pour l'avenir". La signature d'une série de contrats, à la faveur de cette visite, démontre ainsi le souci des deux parties de renforcer une coopération à la fois humaine, culturelle et politique et donner davantage de visibilité à leurs relations. Un document-cadre de partenariat, un procès-verbal d'échange des instruments de ratification et d'approbation de l'accord de coopération en matière de défense, un mémorandum de coopération financière et une convention de partenariat et de coopération dans les domaines de l'agriculture, du développement rural et de l'agroalimentaire, figurent parmi les documents ratifiés à la faveur de cette visite. Une déclaration conjointe pour un partenariat industriel productif, sans compter un arrangement administratif relatif à la coopération en matière de protection et de sécurité civile ont également été signés, démontrant le souci des deux capitales de donner une impulsion nouvelle à leurs relations longtemps freinées par des malentendus. Par ailleurs, et pour conforter leur concertation politique, les deux pays sont convenues de la mise en place d'un comité intergouvernemental de haut niveau dont une première session se tiendra au cours de l'année 2013. Cet ensemble de mesures dénote la volonté des deux pays d'avancer vers des relations sereines et apaisées que les deux parties appellent de leurs voeux. S'appuyant sur la déclaration d'Alger, l'Algérie et la France se sont également félicitées de la reprise du dialogue concernant la question des archives et ont décidé de la mise en place d'un groupe de travail pour la prise en charge de cet important volet relatif à l'histoire. Il en fut de même pour les efforts à déployer pour faciliter la présentation par les victimes des essais nucléaires français au Sahara ou leurs ayants-droits des dossiers en vue de leur indemnisation éventuelle. Par ailleurs, la signature d'un accord entre l'Algérie et le groupe Renault pour la création d'une société commune chargée de la construction d'une usine de véhicules Renault, basée à Oran, non seulement pour le marché algérien mais pour tout le continent, constitue une étape supplémentaire dans le renforcement de la coopération économique entre les deux pays. "Nous sommes pour un partenariat stratégique d'égal à égal entre la France et l'Algérie", a déclaré le président Hollande à la faveur de cette signature. La coopération dans le domaine énergétique et sécuritaire ne fut pas en reste, de même que la circulation des personnes, dont les conditions pratiques seront améliorées par un dialogue et dont les conclusions seront consignées dans un document commun. Enfin, la question mémorielle qui a longtemps été occultée par les autorités françaises, a été évoquée à la faveur de cette visite, où le présidait Hollande a reconnu devant les membres des deux chambres du Parlement algérien le caractère "profondément injuste" du système colonial ayant infligé des "souffrances" au peuple algérien. Le chef de l'Etat français a cité, plus particulièrement, les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata (8 mai 1945) qui demeurent, a-t-il dit, "ancrés dans la conscience des Algériens mais aussi des Français", estimant, à ce propos, que la vérité "doit être dite aussi sur les conditions dans lesquelles l'Algérie s'est délivrée du système colonial sur cette guerre qui, longtemps, n'a pas dit son nom en France, la guerre d'Algérie". Pour le président Hollande, il était "très important de dire que ce n'était pas nos valeurs qui là s'appliquaient". Cette reconnaissance constitue une étape supplémentaire après celle des massacres du 17 octobre 1961, où des milliers d'Algériens sont sortis manifester pacifiquement pour l'indépendance de l'Algérie. "Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression", notait un communiqué de la présidence de la République le 17 octobre 2011. "Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes", a écrit François Hollande, ajoutant que "la République reconnaît avec lucidité ces faits". C'est la première fois que ce massacre est reconnu comme tel par un chef d'Etat français. Le président Hollande a ainsi opté pour l'apaisement, dans la relation algéro-française, contrairement à son prédécesseur qui avait choisi la provocation ayant engendré une crise latente entre les deux pays et entravé leurs relations bilatérales.