«Il y a de notre côté l'ambition de construire un partenariat fort, d'égal à égal avec l'Algérie», a déclaré, hier matin, le conseiller diplomatique et sherpa G8 du président Hollande, Paul Jean-Ortiz, au cours d'un point de presse informel, tenu à une semaine de la visite d'Etat qu'effectuera en Algérie le Président français, François Hollande.M. Hollande foulera le sol algérien le 19 décembre en début d'après-midi où il sera accueilli par le président Abdelaziz Bouteflika à l'aéroport Houari-Boumediène. Le programme de la visite, tel que révélé par le palais de l'Elysée, indique que les deux chefs d'Etat auront un entretien en tête-à-tête qui sera élargi ensuite à leurs délégations, avant que M. Hollande ne donne une conférence de presse. Celle-ci sera suivie par une rencontre de l'hôte de l'Algérie avec la communauté française établie à Alger, à la résidence de l'ambassade de France.Le président français assistera ensuite avec M. Bouteflika à la signature d'une quinzaine d'accords algéro-français avant de prendre part au dîner officiel qui sera offert en son honneur. La deuxième et dernière journée du séjour algérien du chef de l'Etat français, que Paris qualifie déjà d'historique, est également très chargée. Elle commencera par une allocution de M. Hollande devant le Parlement algérien, APN et Conseil de la Nation réunis, avant qu'il aille rencontrer des hommes d'affaires algériens et français, à l'hôtel Sheraton. Suivra une visite au cimetière chrétien de Bologhine et un moment de recueillement à la place Maurice-Audin en hommage au nationaliste algérien disparu après son arrestation par des parachutistes de l'armée coloniale en 1957. M. Hollande terminera sa visite à Alger par un recueillement au sanctuaire des Martyrs. Le président français ira ensuite à Tlemcen où il fera une intervention devant les étudiants de l'université avant de s'entretenir avec eux. Après un dîner offert par le wali de Tlemcen en son honneur et de celui de M. Bouteflika, la visite d'Etat de M. Hollande prendra fin. Le président français regagnera Paris au cours de la soirée.Ce séjour algérien du chef de l'Etat français donnera lieu à la signature d'une déclaration conjointe que Paris voit comme «une feuille de route» pour booster les relations algéro-françaises «dans leur globalité» et affirmer les principes du «dialogue international» qui primera dans l'avenir. A cet égard, et pour assurer un dialogue permanent entre les deux capitales ainsi que pour «impulser la coopération dans la continuité et dans la cohérence», sera créé un séminaire intergouvernemental qui se réunira périodiquement.A visite importante, délégation importante. François Hollande sera accompagné par pas moins de huit ministres : des Affaires étrangères, Laurent Fabius, de l'Economie et des finances, Pierre Moscovici, du Redressement productif, Arnaud Montebourg, du Commerce extérieur, Nicole Bricq, de l'Intérieur, Manuel Valls, de l'Agriculture, Stéphane Le foll, de la Francophonie, Yamina Benguigui, et des Anciens combattants, Kader Arif. La délégation comprendra également plusieurs hommes d'affaires, surtout des chefs de grandes entreprises, mais aussi des patrons de PME, des parlementaires et des personnalités politiques ou de la société civile. Sera aussi présent le «Monsieur Algérie» chargé de débloquer les grands dossiers économiques, l'ancien Premier-ministre, Jean-Pierre Raffarin. Expliquant la raison du nombre important de ministres dans la délégation, l'Elysée indique que cela est dû «à l'importance des liens avec l'Algérie, l'intérêt que portent les ministres à l'Algérie et à la densité des relations entre les deux pays». Tout en rappelant que depuis son élection en mai dernier, M. Hollande a eu plusieurs entretiens téléphoniques avec M. Bouteflika, l'Elysée assure que «tous les signaux recueillis côté algérien indiquent qu'il y a une véritable attente et un souci des deux côtés de la Méditerranée de relancer la coopération franco-algérienne déjà importante et dense mais qui mérite d'être encouragée et développée». Pour autant, il n'est pas question de faire l'impasse sur l'aspect mémoriel des relations entre les deux pays. Car, pour Paris, «il est impossible d'occulter le passé», reconnaissant que les relations «sont marquées par la guerre d'Algérie et une guerre de mémoires» alors que M. Hollande «s'est montré conscient du passé douloureux». On laisse entendre, après «la reconnaissance par la République de la sanglante répression du 17 octobre 1961», que le président français «aura des mots à dire à Alger». Il y a déjà à relever cet hommage qui sera rendu à Maurice Audin alors que sa femme continue à se battre pour connaître la vérité sur la mort de son mari. En ce qui concerne les accords qui seront signés à Alger, au moins une quinzaine, le nombre exact n'ayant pas encore été arrêté, Paris demeure dans une relative discrétion, faisant état de la possible présence dans la liste de l'usine de montage de Renault, d'un accord scientifique et technique pour la création d'instituts technologiques pour la formation de techniciens supérieurs et d'un accord dans le secteur des technologies de l'information. Il y aura aussi l'échange des instruments de ratification des accords de défense signés en 2008.Inévitablement, plusieurs questions régionales et internationales seront au menu des entretiens Bouteflika-Hollande. Il y a le Sahel et le Mali, où, pour Paris, il y a plus convergences que divergences avec Alger. Il y a le Sahara occidental où la diplomatie française a hérité de Sarkozy l'incompréhensible alignement sur la thèse marocaine. Va-t-elle enfin épouser les positions de la communauté internationales et agir pour l'application des résolutions onusiennes ? Les dossiers méditerranéens, moyen-orientaux et la situation en Syrie seront également examinés. La vision de Paris sur cette visite d'Etat de M. Hollande en Algérie insiste sur «la cohérence de la démarche» entre les deux pays et l'inscription de leur coopération «dans le temps», bâtir l'avenir sans oublier le passé. Et cette phrase bien significative concernant l'événement et sa portée : «Important par ce que va dire Hollande et par ce qui sera signé avec Bouteflika.»