Le président gambien Yahya Jammeh a accusé mardi à Banjul les pays de l'Union européenne (UE), de vouloir déstabiliser la Gambie, ont rapporté des médias. "Ce que l'UE veut, c'est créer une situation d'instabilité dans ce pays, ou installer un gouvernement fantoche qui lui donnera les ressources de ce pays, parce qu'elle sait que nous avons du pétrole maintenant", a affirmé M. Jammeh lors d'une réunion d'urgence avec son gouvernement retransmise par les médias publics. De source officielle, la réunion d'urgence a été convoquée après que l'UE a saisi les autorités d'une demande de respect des droits de l'Homme et des libertés dans le pays en 17 points. Parmi ces points, figurent l'abolition de la peine de mort, la réouverture de médias fermés généralement pour avoir critiqué le pouvoir ainsi que l'autorisation pour les diplomates étrangers d'accéder aux prisons du pays. Diplomates et autorités devaient parler de ces questions lors d'une réunion initialement programmée pour le 11 janvier, mais dans sa déclaration de mardi, Yahya Jammeh a indiqué qu'aucune rencontre n'aura lieu sur ce sujet. La requête de l'UE "est une insulte. (...) En tant qu'Etat souverain, la Gambie ne modifiera pas ses lois parce que l'UE veut que cela soit fait", a dit M. Jammeh, visiblement remonté. "S'ils pensent (les pays de l'UE, ndlr) qu'ils peuvent me faire chanter avec leur monnaie de singe, ils se trompent, parce que cela ne se produira pas dans ce pays", a-t-il ajouté. En 2010, l'UE a annulé un appui budgétaire en faveur de la Gambie de 22 millions d'euros en arguant de préoccupations concernant les droits de l'Homme et la bonne gouvernance. Bruxelles reste un partenaire financier important pour Banjul, avec des subventions allouées pour la période 2008-2013 totalisant 65,4 millions d'euros. En décembre, l'UE s'était déclarée inquiète de la détention arbitraire de personnalités de la société civile, dont une célèbre avocate et un chef religieux, qui a été arrêté après des critiques visant le régime du président Yahya Jammeh.